Élections allemandes: les populistes de l’AfD aux portes du Parlement

L’Allemagne faisait figure d’exception dans le contexte de montée de l’extrême droite en Europe. Patrice Moreau, auteur d’un livre sur l’AfD, explique pourquoi cela a changé.

Apparu en 2013 sur la scène politique allemande, l’AfD (« Alternative für Deutschland », ou « ‘Alternative pour l’Allemagne » en français), pourrait être le troisième parti politique allemand au soir des législatives, le 25 octobre, avec 11% des voix, selon un sondage récent, derrière la CDU d’Angela Merkel et le SPD de Martin Schulz.

L’autre Allemagne, le réveil de l’extrême droite, de Patrick Moreau analyse la trajectoire de cette formation, à l’origine fondée sur le rejet de l’euro, et dont le cheval de bataille est désormais le combat contre l’immigration et l’islam. Il revient sur les déchirements et les ajustements entre ses trois principales composantes: le courant national-libéral, à l’origine de sa création mais aujourd’hui très affaibli; le courant national-conservateur ou conservateur des valeurs, incarné par Frauke Petry et Alexander Gauland, regroupant nombre de déçus du recentrage de la CDU, et le courant qu’il baptise national-völkisch*identitaire, fortement inspiré par le révisionnisme historique, dont la principale figure est le controversé Björn Höcke.

Un parti masculin, qui séduit à l’Est

L’étude fouillée de l’électorat de l’AfD révèle ses difficultés à séduire les femmes et l’électorat âgé. Elle montre aussi comment le passage de la thématique européenne à celle de l’immigration a changé les contours de cet électorat, en particulier dans les Länders de l’ex-Allemagne de l’Est.

Après une présentation des mouvements d’extrême droite antérieurs à l’AfD, qui ont rarement dépassé la barre des 5% permettant d’être représenté à l’échelon national, le chercheur revient sur les succès des ouvrages déclinistes et anti-islam de Thilo Sarrazin, en 2010, ont ouvert la voie au message de l’AfD. Avant de souligner sa convergence avec le mouvement Pegida et la façon dont la politique d’accueil d’un million de réfugiés en 2015-2016 mené par la chancelière a sans doute durablement installé le parti dans le paysage politique allemand.