Si à Erbil, le projet de référendum sur l’indépendance du Kurdistan est plébiscité, les réactions sont toutes autres dans une autre grande ville : Kirkouk, une cité pétrolière qui borde le Kurdistan irakien.
Dans la province disputée de Kirkouk, dresser le drapeau kurde est un signe de provocation. Ce territoire est revendiqué aussi bien par Bagdad que par Erbil. Le gouvernement kurde l’a inclus dans son référendum d’indépendance et est accusé de vouloir annexer la ville pétrolière.
Dans la ville, les affaires tournent au ralenti, signe d’une inquiétude généralisée. « Les habitants de Kirkouk ont peur à cause de ce référendum. Ils ne veulent pas arriver au même niveau d’instabilité qu’à Mossoul, Tikrit et Anbar. C’est la première fois que les gens ressentent une telle tension. Ils ne savent pas de quoi demain sera fait alors ils préfèrent rester à la maison”, témoigne ainsi Yousif Fakhri, un vendeur du bazar.
« Nous voulons reporter cette décision »
Arabes et Turkmènes, deux des trois principales communautés de la ville, refusent l’indépendance kurde dans les conditions actuelles. Ils ont peur d’être les oubliés de ce conflit. « Les Turkmènes et les Arabes ne veulent pas que Kirkouk devienne une partie du Kurdistan. Nous voulons reporter cette décision. Sans un accord sur la question des turkmènes, des arabes et des chrétiens, aucun projet ne peut être mené à bien dans cette ville”, explique Sheikh Ismail Al Hadidi.
Mais selon Dilshad Preot Aziz, membre kurde du conseil de la province de Kirkouk, Turkmènes et Arabes auront leur place dans le futur état kurde et les combattants kurdes assureront même leur sécurité face à aux forces paramilitaire chiites : « Nous avons résisté contre Saddam Hussein. Nous avons résisté contre l’organisation la plus sauvage qui est Daech. Si les al-Hash al-Shaabi ont de mauvaises intentions, s’ils veulent attaquer les Kurdes, la ville de Kirkouk, nous sommes prêts à contrattaquer ».
Une partie de la jeunesse de Kirkouk rejette la montée de cette violence. Murad un musicien turkmène mise sur la cohésion historique entre les communautés de cette ville. « Chaque jour, je parle trois langues. Ca fait 20 ans qu’on était ensemble et avant on ne pensait pas à la différence », affirme-t-il.
Malgré cette cohésion sociale, les tensions politiques sont arrivées à leur comble à quelques jours du référendum. Si elles devaient dégénérer en un conflit armé, Kirkouk en serait le premier théâtre.