L’afflux de réfugiés rohingyas au Bangladesh a quasiment cessé, ont déclaré samedi 23 septembre des responsables bangladais, presque un mois après le déclenchement de violences en Birmanie.
Les Nations unies ont fait le même constat. Ni le Bangladesh ni les Nations unies n’ont donné d’explication à cette chute du nombre d’arrivées de réfugiés.
Les troubles se poursuivaient pourtant samedi 23 septembre, en Birmanie, dans l’État de Rakhine, le chef de l’armée birmane incriminant des militants rohingyas dans une explosion devant une mosquée. Ces troubles interviennent alors que la dirigeante birmane Aung San Suu Kyi avait assuré mardi 19 septembre qu’il n’y avait pas eu de combats depuis le 5 septembre et que l’opération de l’armée était terminée.
Plus de 429 000 musulmans rohingyas ont fui au Bangladesh ces dernières semaines pour échapper à une campagne de répression de l’armée birmane, qualifiée d’« épuration ethnique » par l’ONU.
Contrôle bangladais des Rohingyas
Une fois arrivés au Bangladesh, ces centaines de milliers de réfugiés ont été empêchés de trouver refuge dans la forêt ou sur des terres agricoles par la police et les soldats, qui ont aussi reçu l’ordre de les empêcher de se réfugier dans les grandes villes et les communes avoisinantes.
Des barrages routiers ont été érigés sur les routes. « Nous avons mis en place 11 postes de sécurité sur l’autoroute de Cox’s Bazar pour empêcher les Rohingyas de se répandre vers l’intérieur », a déclaré le chef de la police de Cox’s Bazar. 5 100 Rohingyas ont déjà été arrêtés à ces barrages et renvoyés dans les camps.
Camps surpeuplés
Ces réfugiés se retrouvent à vivre dans des camps du district de Cox’s Bazar, dans l’extrême-sud du Bangladesh. Les camps sont pleins et les Rohingyas sont contraints de déboiser les collines, ou de s’installer sous de simples bâches au bord des routes, malgré les pluies torrentielles. « Les camps sont surpeuplés à ce stade, ils débordent littéralement », a déclaré Andrej Mahecic, le porte-parole du Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR), qui évoque le risque de maladies.
Le haut-commissaire de l’ONU aux réfugiés Filippo Grandi a dit que les défis étaient « immenses » après avoir visité les camps bondés de Cox’s Bazar. « J’ai été frappé par l’ampleur incroyable de leurs besoins. Ils ont besoin de tout, ils ont besoin de vivres, ils ont besoin d’eau potable, ils ont besoin d’abris, ils ont besoin de soins sanitaires dignes de ce nom. »
Les autorités du Bangladesh ont annoncé jeudi 21 septembre avoir soigné plus de 2 350 réfugiés rohingyas présentant des blessures par balles ou causées par des mines.
Interdiction de téléphone mobile
La première ministre du Bangladesh, Sheikh Hasina, a réclamé jeudi devant l’Assemblée générale des Nations unies l’envoi d’une mission de l’ONU en Birmanie et la création de zones de sécurité pour permettre un retour des Rohingyas.
« Nous accueillons actuellement 800 000 Rohingyas », a précisé la première ministre. « La Birmanie doit cesser le nettoyage ethnique », a-t-elle ajouté.
Sheikh Hasina a aussi dénoncé la « pose de mines terrestres le long de la frontière» entre la Birmanie et le Bangladesh, par les autorités birmanes, « pour empêcher les retours ».
Enfin, le Bangladesh a interdit aux quatre fournisseurs de téléphonie mobile de vendre des connexions et des forfaits aux réfugiés rohingyas ont annoncé dimanche 24 septembre les autorités.
La vente de cartes SIM est déjà interdite aux habitants qui ne peuvent fournir des papiers d’identité, afin d’entraver les capacités opérationnelles d’éventuels réseaux islamistes.
La ministre déléguée aux Télécoms Tarana Halim a justifié cette décision par des raisons de sécurité. L’interdiction sera levée une fois que les nouveaux arrivants auront reçu des papiers d’identité biométriques, un processus qui pourrait prendre six mois selon l’armée.