Défaite de LREM au Sénat : quelles conséquences pour la politique de Macron ?

La République en marche (LREM) d’Emmanuel Macron a trébuché dimanche lors des sénatoriales. Avec 28 sièges obtenus, le président doit désormais composer avec un Sénat d’opposition. Une configuration qui n’est pas sans conséquences.

Les élus LREM ne s’attendaient pas à des résultats mirobolants aux élections sénatoriales de dimanche 24 septembre, mais quand même. Si la majorité de droite du Sénat sort renforcée du scrutin, le parti d’Emmanuel Macron a « raté la marche », selon l’expression consacrée par la presse, en remportant 28 sièges contre une cinquantaine attendue. Le résultat n’est certes pas une surprise, puisque le mode de suffrage, via des grands électeurs, n’était pas favorable au parti majoritaire à l’Assemblée, créé après toutes les élections locales de 2014 (municipales) et 2015 (départementales et régionales), il n’empêche que l’exécutif va devoir composer avec un Sénat d’opposition.

Pour ce qui est des lois ordinaires, cette configuration peut sérieusement ralentir le processus d’examen des textes, sans toutefois le bloquer. Car dans le jeu de navette entre le Sénat et l’Assemblée nationale, c’est toujours au Palais Bourbon que revient le dernier mot. Avec leurs 171 sièges au Sénat, les Républicains auront donc tout le loisir de contrarier le président et son gouvernement, déterminés à mettre rapidement en place ses réformes, mais ils ne pourront pas les stopper.

Des opposants à convaincre

Le vrai problème n’est pas là. Lors de sa campagne, Emmanuel Macron a émis le souhait de réviser la Constitution pour, notamment, réduire le nombre de parlementaires et introduire de la proportionnelle aux législatives. Or toute révision institutionnelle requiert l’obtention des 3/5e des voix du Parlement (Assemblée et Sénat réunis). À ce jour, le chef de l’État ne dispose que de 395 députés et 28 sénateurs, bien loin des 555 parlementaires sur les 925 requis pour disposer de la majorité.

Dans cette perspective, la majorité présidentielle n’a donc pas d’autres choix que de nouer des alliances. Elle pourra certainement compter sur le soutien du groupe Les Constructifs de l’Assemblée nationale. Plusieurs sénateurs républicains envisagent également de monter un groupe équivalent au Sénat. Pour les autres, les Marcheurs devront convaincre un à un les élus du bien-fondé de la réforme constitutionnelle. Un travail laborieux et incertain. Si certains élus ont d’ores et déjà promis une « opposition intelligente », à l’image du sénateur LR de Vendée Bruno Retailleau, d’autres se montrent plus récalcitrants. Les élus PS, échaudés par leur cuisante défaite à la présidentielle, comptent bien utiliser leur siège pour s’opposer. « Ce soir, le PS est au Sénat la première force d’opposition de gauche », s’est félicité le député Luc Carvounas, pour qui le scrutin marque aussi « le retour du clivage gauche-droite ».

Un référendum ?

Reste une dernière solution envisagée par Emmanuel Macron pour faire passer ses réformes : la consultation populaire par la voix référendaire. Le président « assume » la possibilité, évoquée en juillet à Versailles, de recourir au référendum pour réformer les institutions, a indiqué lundi le porte-parole du gouvernement Christophe Castaner sur RMC et BFMTV. « Il a confié une responsabilité aux deux présidents des Chambres ainsi qu’au président du Conseil économique, social et environnemental, que nous voulons aussi réformer, de travailler sur une année avec la Garde des Sceaux, et il a évoqué la possibilité d’aller au référendum », a rappelé le porte-parole du gouvernement.

« Je ne sais pas si (Emmanuel Macron) l’envisage aujourd’hui », a toutefois tempéré le secrétaire d’État Benjamin Griveaux sur RTL. Une chose est sûre, cette réforme n’est pas pour tout de suite. Interrogé sur le calendrier de cette réforme des institutions, le porte-parole du gouvernement a évoqué « l’objectif qu’à la fin de juin 2018, on puisse y voir clair ».

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