Devant les étudiants, Emmanuel Macron a présenté ses propositions pour refonder l’Europe

Le Président de la Républque française a présenté ce mardi ses propositions pour refonder l’Europe, avec des « mesures emblématiques » et des chantiers de réforme qui devront entraîner l’adhésion de ses partenaires européens, au premier rang desquels, Angela Merkel, certainement la plus difficile à persuader après sa difficile réélection.

C’est dans le grand amphithéâtre de l’université de la Sorbonne, à Paris, que le président a annoncé ses propositions promises depuis des semaines.

Le chef de l’Etat espère relancer la machine européenne, dépourvue selon lui de vision de long terme depuis des années, affaiblie par une ouverture à tous vents à la mondialisation et enlisée dans la bureaucratie, la surréglementation et des décisions à l’unanimité, freinées notamment par la Grande-Bretagne. Voici ce qu’il faut retenir de son discours.

  • Défense.

« Ce qui manque le plus à cette Europe de la défense, c’est une structure stratégique commune », assure le président de la République. Il propose de créer une « force commune d’intervention » européenne pour 2020, un budget de défense commun et une « doctrine commune » pour agir.

Emmanuel Macron propose également une « initiative européenne d’intervention » et préconise en outre « d’accueillir dans nos armées des militaires venus » d’autres pays européens. Par ailleurs, il appelle à créer un « parquet européen » pour lutter contre le terrorisme. Ainsi, il faut selon le chef de l’Etat mettre en place au plus vite le Fonds européen de défense, la coopération structurée permanente et les compléter par une « initiative européenne d’intervention » pour intégrer les forces armées européennes.

  • Terrorisme et sécurité

Le président souhaite créer une académie européenne du renseignement pour « assurer le rapprochement de nos capacités de renseignement » mais également une « force commune de protection civile », notamment pour aider en cas de catastrophes naturelles.

  • Migrations

« Pour maîtriser efficacement nos frontières, accueillir dignement les réfugiés (…) et renvoyer rapidement ceux qui ne sont pas éligibles au droit d’asile », il faut créer un office européen de l’asile et une police européenne des frontières. L’objectif : accélérer et harmoniser les procédures migratoires ; mettre en place des fichiers interconnectés et des documents d’identité biométriques sécurisés. Mais il faut aussi installer un programme européen de formation et d’intégration pour les réfugiés.

  • Le carbone au juste prix

Emmanuel Macron a proposé de fixer au niveau européen un « juste prix » pour le carbone – dont les échanges permettent de pénaliser les industries polluantes – « suffisamment élevé » pour encourager la transition écologique, d’au moins 25 à 30 euros la tonne.

Il a aussi proposé de mettre en place un programme industriel de soutien aux véhicules propres et aux infrastructures nécessaires (bornes de recharge…) et de créer une « force commune de contrôle » qui assure la sécurité alimentaire des Européens.

  • Une Agence européenne pour l’innovation

Emmanuel Macron entend créer une Agence européenne pour l’innovation, finançant en commun des champs de recherche nouveaux, comme l’intelligence artificielle.

Il a cité pour modèle l’agence américaine de recherche militaire DARPA, agence du département de la Défense des États-Unis, chargée de la recherche et développement des nouvelles technologies, qui dans les années 1970 a été à l’origine de la création d’internet.

Emmanuel Macron a aussi rappelé sa volonté de taxer les entreprises numériques en taxant la valeur « là où elle se crée », et de réguler les grandes plateformes.

  • Economie et social

Le président français veut faire de la zone euro, le cœur de la puissance économique de l’Europe dans le monde. Il veut créer un budget qui permette de financer des investissements communs, avec des impôts liés à ce budget. Et assurer la convergence sociale et fiscale des pays de l’UE en fixant des critères qui rapprochent progressivement les modèles sociaux et fiscaux.

Le respect de ces critères conditionnerait l’accès aux fonds de solidarité européens.

Il faudrait définir une fourchette de taux d’impôt sur les sociétés pour 2020 ainsi qu’un salaire minimum, adapté à la réalité économique de chaque pays, encadrer la concurrence par les niveaux de cotisations sociales et créer une taxe sur les transactions financières affectées à l’aide au développement.

  • Culture et savoir

Que chaque jeune Européen ait passé au moins six mois dans un autre pays européen (50 % d’une classe d’âge en 2024) et que chaque étudiant parle deux langues européennes d’ici 2024.

Créer des universités européennes, réseaux d’universités qui permettent d’étudier à l’étranger et de suivre des cours dans deux langues au moins.

  • Démocratie

Pendant six mois, des « conventions démocratiques », soit des débats nationaux et locaux sur la base de questions communes dans toute l’UE, seront organisées en 2018 dans tous les pays de l’UE volontaires pour définir la feuille de route de demain.

Le chef de l’Etat espère ainsi renforcer le Parlement européen par des listes transnationales, dès 2019, en utilisant le quota des députés britanniques partants. Par ailleurs, il souhaite qu’en 2024, la moitié du Parlement européen soit élue sur ces listes transnationales.

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