Le succès du parti de droite nationaliste AfD aux élections législatives allemandes doit suggérer à Angela Merkel et aux autres politiques que le temps est venu de mener «une réforme fondamentale du projet européen» s’ils ne veulent pas voir les extrêmes continuer à progresser, estime le chef de la Diplomatie belge Didier Reynders.
Le fait qu’ à l’issue des législatives, le parti d’extrême droite Alternative für Deutschland (AfD) est devenu la troisième force politique au parlement allemand, prouve que l’Europe risque «de voir lors des prochaines élections monter les extrêmes à gauche comme à droite», si elle ne s’engage pas sur la voie de vraies réformes en matière économique, sociale et migratoire, a déclaré le ministre belge des Affaires étrangères dans une interview accordée à la RTBF.
«Le choc de l’arrivée de l’extrême droite au parlement allemand, c’est un choc historique parce que ce n’est, quand même, pas banal dans un pays comme l’Allemagne, avec son histoire, de voir revenir extrême droite dans un parlement», a-t-il indiqué.
Selon lui, la poussée de l’AfD est «probablement une réaction» à la politique migratoire d’Angela Merkel, «mais c’est probablement aussi dû au sentiment qu’on a qu’un certain nombre de problèmes ne se règlent pas: une politique sociale dans l’Union européenne, une politique économique plus forte dans la zone euro».
C’est pourquoi les résultats des élections pourraient aider les Allemand à «se rendre compte que, sans réforme fondamentale du projet européen, il y aura toujours un risque de voir les extrêmes progresser».
«Je pense que le choc peut être salutaire dans le développement d’une culture européenne nouvelle», a conclu le ministre.
Le bloc conservateur CDU-CSU d’Angela Merkel a remporté dimanche les législatives allemandes avec 33% des voix, a annoncé la commission électorale centrale du pays après le dépouillement de la totalité des suffrages. Le parti de droite nationaliste AfD a de son côté enregistré une percée historique pour un tel mouvement aux élections allemandes, brisant un tabou dans le pays qui se retrouve face à un nouveau défi, selon Angela Merkel.