Le président libanais Michel Aoun, a consacré sa deuxième jour de la visite d’Etat aux entretiens avec des responsables français

Après les rencontres chaleureuses et saturées, le président libanais, Michel Aoun, a consacré sa deuxième jour de la visite d’Etat à une série d’entretiens avec des responsables français.

Le chef de l’Etat libanais a commencé sa deuxième journée par des entretiens avec le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, et le ministre français de l’Economie, Bruno Le Maire, en présence notamment du chef de la diplomatie libanaise, Gebran Bassil, de l’ambassadeur du Liban en France, Rami Adwan, et de l’ambassadeur de France au Liban, Bruno Foucher.

Même son de cloche de la part de M. Le Drian qui a assuré au président libanais que le chef de l’Etat français lui a demandé d’assurer les conditions du succès des conférences qui se tiendront pour le Liban. Il a réitéré les thèmes des trois conférences envisagées : l’armement des militaires libanais ; les investissements ; et la crise des réfugiés syriens.

Le président Aoun a salué « le rôle primordial de la France » dans le succès de ces conférences. M. Le Drian a de plus expliqué au président libanais qu’il allait s’entretenir avec les dirigeants européens pour assurer le succès de ces événements.

Le chef de la diplomatie française a par ailleurs affirmé qu’il allait se rendre à Beyrouth avant la fin de l’année afin de préparer la visite de M. Macron, prévue au printemps 2018.

« Beyrouth renaissant neuf fois comme le Phénix »

En début d’après-midi, le président Aoun a été reçu mardi, ainsi que son épouse, Nadia Aoun, par la maire de Paris, Anne Hidalgo.

Après avoir cité le général de Gaulle dans sont discours du 25 août 1944 dans lequel il disait, « Paris outragé, Paris brisé, Paris martyrisé mais Paris libéré », le chef de l’Etat a fait le parallèle avec la capitale libanaise : « Beyrouth outragée, Beyrouth brisée, Beyrouth martyrisée mais Beyrouth renaissant neuf fois comme le Phénix ».

« Paris et Beyrouth sont capables de résistance et sont ouvertes au monde (…) », a affirmé le chef de l’Etat libanais, dans son allocution prononcée à l’issue de l’entretien avec Mme Hidalgo. Et d’ajouter : « Paris et Beyrouth mènent un combat unique aujourd’hui. Le combat pour la préservation des valeurs de paix, de liberté et de démocratie ».

« Nous avons remporté une victoire décisive contre Daech (acronyme arabe du groupe jihadiste Etat islamique) et au nom de nos soldats martyrs, nous offrons cette victoire à toutes les victimes du terrorisme », a poursuivi M. Aoun.

Il a ensuite évoqué la crise des réfugiés syriens : « Cela fait six ans que nous partageons nos écoles, nos hôpitaux, nos emplois et nos terres avec les déplacés syriens, et il est temps aujourd’hui qu’ils rentrent dans les régions sûres de leur pays. Les nations doivent aider ces déplacés à rentrer chez eux au lieu de les aider à s’installer dans les pays hôtes dans des camps inhumains, les poussant à se réfugier en Europe de manière illégale ».

Le président Aoun a en outre estimé que la déstabilisation du Liban était un « suicide pour les sociétés pluralistes et démocratiques », appelant ainsi à préserver la stabilité du pays du cèdre. Il a ensuite affirmé que « soutenir le Liban au niveau de l’économie, de l’éducation et de la culture est la base d’une paix durable au Moyen-Orient et dans le monde ».

« Monsieur le Président, vous incarnez le Liban d’aujourd’hui. Un Liban qui ne renie rien de son Histoire et qui sait où il va », a pour sa part affirmé la maire de Paris.

« Paris ne serait pas Paris sans les 80 000 Franco-Libanais qui vivent dans notre Métropole », a-t-elle ajouté.

« Paris et le Liban partagent un engagement commun sur la question des réfugiés et cette capacité à continuer à grandir malgré le terrorisme », a-t-elle en outre affirmé.

 

Aoun reçu par Larcher et Philippe
Le président libanais s’est ensuite dirigé vers le Palais du Luxembourg où il a été reçu par le président du Sénat, Gérard Larcher. « Nous nous connaissons depuis 1986 », a déclaré M. Larcher, ajoutant qu’il s’est rendu à 35 reprises à Beyrouth. « Je suis très heureux de recevoir le président libanais qui a redonné vie aux institutions libanaises », a-t-il souligné, insistant sur l’importance des liens d’amitié historiques entre la France et le Liban. Par ailleurs, M. Larcher a salué l’action de Michel Aoun en faveur des chrétiens d’Orient.

De son côté, le chef de l’État libanais a rappelé qu’il a « mené de nombreux combats pour la souveraineté et l’indépendance du Liban ». « Je suis aujourd’hui à Paris pour défendre, au nom du peuple libanais, les droits de notre nation », a-t-il ajouté.

Les deux hommes ont évoqué plusieurs dossiers, notamment la position du Liban face au terrorisme après la victoire de l’armée libanaise contre le groupe Etat islamique, la situation en Syrie et la crise des réfugiés syriens. Ils ont également évoqué le soutien de la France à l’armée et aux forces de sécurité libanaises et la situation économique du Liban.

Le chef de l’Etat libanais a ensuite été reçu dans la soirée par le Premier ministre français, Édouard Philippe. « Le gouvernement français œuvrera à la mise en place des décisions prises par les présidents Macron et Aoun, notamment autour des relations libano-françaises », a déclaré M. Philippe, ajoutant que « la France se tient aux côtés du Liban afin de l’aider à améliorer sa situation économique ».

De son côté, M. Aoun a indiqué avoir exprimé la position du Liban sur la lutte contre le terrorisme et la question des réfugiés syriens. « Le Liban ne peut pas attendre longtemps la mise en œuvre d’une solution politique à la guerre en Syrie car il ne peut supporter le fardeau des réfugiés ». Dénonçant les violations israéliennes du territoire libanais, le président libanais a déclaré que « le Liban veut la paix et le respect des résolutions internationales ».

M. Aoun a ensuite rencontré des membres de la diaspora libanaise à Paris. « Le Liban qui était à feu et à sang n’a jamais perdu sa stabilité. Quant aux Libanais, ils ont su rester sages et n’ont jamais franchi la ligne rouge », a déclaré le président libanais dans un discours dans lequel il est revenu sur son exil en France. « Aujourd’hui, nous avons lancé la construction de l’Etat après l’effondrement des institutions et le non-respect de la Constitution. Mais nous sommes dans une phase difficile », a-t-il ajouté. « Nous œuvrons pour rebâtir le Liban et nous pouvons vous dire que la stabilité est assurée et que nous avons libéré nos jurds (l’Anti-Liban) », a-t-il lancé. Il a ensuite évoqué la question des réfugiés syriens. « Ce fardeau met en péril la situation économique et sécuritaire du pays mais nous œuvrons pour trouver une solution avec les organisations internationales », a-t-il déclaré.

La veille, M. Aoun avait été reçu à l’Elysée par son homologue français, Emmanuel Macron. M. Macron avait plaidé dans son discours pour « un État fort au Liban ».