La justice espagnole a ordonné jeudi la libération d’un journaliste turco-suédois arrêté le 3 août à Barcelone à la demande d’Ankara qui l’accuse d’avoir insulté le président turc et d‘être lié à un “groupe terroriste”, a-t-on appris de source judiciaire.
Un juge d’instruction de l’Audience nationale, spécialisée dans les affaires internationales, a ordonné jeudi la mise en liberté de Hamza Yalcin, 59 ans, journaliste turc critique envers le régime d’Ankara qui vit en Suède et possède également la nationalité suédoise.
Cette décision ne préjuge pas du fond, le magistrat n’ayant pas décidé si la demande d’extradition présentée par la Turquie doit être satisfaite.
Dans une ordonnance consultée par l’AFP, il souligne que le journaliste dispose d’un domicile où il peut être hébergé dans l’intervalle, à Barcelone. Il le place sous contrôle judiciaire, lui imposant de se présenter une fois par semaine devant la justice, en lui interdisant de quitter l’Espagne sans autorisation judiciaire.
L’arrestation à l’aéroport de Barcelone-El Prat de Hamza Yalcin avait suscité les protestations d’organisations de défense des droits de l’Homme.
Le Défenseur des droits, une autorité espagnole indépendante, avait exprimé sa “préoccupation” au ministère de la Justice, évoquant dans un communiqué “les arrestations de milliers de personnes au cours des derniers mois et en particulier les mesures répressives adoptées contre les journalistes” en Turquie.
Selon l’agence de presse progouvernementale Anadolu, Hamza Yalcin – qui écrit pour Odak, magazine en ligne critique envers le gouvernement turc – devrait être jugé pour avoir insulté le chef de l’Etat Recep Tayyip Erdogan et avoir fait de la “propagande” pour un “groupe terroriste”.
Selon l’organisation internationale Reporters sans frontière (RSF), dont le siège est à Paris, le mandat d’arrêt est une tentative “pour réduire au silence toute critique du régime turc”.
L‘écrivain germano-turc Dogan Akhanli, est également menacé d‘être extradé vers la Turquie qui l’accuse de “terrorisme”.
M. Akhanli, 60 ans, qui réside depuis la fin 1991 en Allemagne et a la nationalité allemande, a été arrêté le 19 août à Grenade, dans le sud de l’Espagne, où il faisait du tourisme, également sur mandat d’Interpol, selon son avocat Gonzalo Boye.
Après des protestations de Berlin, il a été remis en liberté le 20 août mais est tenu de rester à Madrid en attendant de savoir si l’Espagne accepte ou non de l’extrader vers la Turquie.