Le référendum catalan va être observé avec attention dans les Pyrénées-Orientales. Dans ce département, les habitants se montrent solidaires d’un peuple avec qui ils partagent la même culture et les mêmes coutumes.
À quelque 200 kilomètres de Barcelone, le référendum d’autodétermination prévu dimanche 1er octobre va être scruté avec grande attention. Dans le département des Pyrénées-Orientales, nommé communément Catalogne du Nord, on se montre solidaires avec les récents évenements survenus chez les «cousins» du Sud.
Lundi 25 septembre, l’Association des maires, des adjoints et de l’Intercommunalité des Pyrénées-Orientales a publié un communiqué manifestant un soutien indéfectible des élus du département aux maires et aux fonctionnaires territoriaux de la Catalogne. Cette initiative intervient en réponse aux arrestations d’une douzaine de membres du gouvernement et à la volonté de Madrid d’interdire le référendum. Quelques jours auparavant, plusieurs centaines de manifestants avaient protesté devant le consulat d’Espagne à Perpignan. Un certain nombre de mairies du territoire, de tous bords politiques, ont également voté des motions de solidarité vis-à-vis du peuple catalan en délibération municipale.
Catalans et français
Même si beaucoup de points communs unissent Catalans du Sud et du Nord, il n’est nullement question d’une volonté d’émancipation de ce côté des Pyrénées. Même si le sentiment d’appartenance à la culture catalane est fort: «Il n’est pas du tout folklorique, il est culturel et patrimonial. Nous sommes Français, nous n’avons pas de revendications indépendantistes. Etre catalan, c’est être attaché à cette terre catalane et à des traditions. Comme la Sardane (danse traditionnelle), la chanson, la langue, les paysages ou les églises romanes et baroques», selon François Calvet, sénateur-maire LR du Soler dans les Pyrénées-Orientales.
L’édile est même à l’origine d’un hôpital transfontalier à Puigcerda. Sa commune abrite un collège public bilingue. Près de 400 éléves y apprennent le catalan. Au delà de perpétuer une coutume, la langue constitue également un vecteur économique et un trait d’union avec Barcelone. Parler catalan facilite grandement la négociation dans les échanges commerciaux des deux côtés de la frontière.
Le catalanisme, majoritaire dans les Pyrénées-Orientales, est plus culturel que politique. Depuis le traité des Pyrénées en 1659, le territoire s’est intégré au sein des institutions françaises. Ce que ne dément pas Aleix Rényé, écrivain et journaliste: «Le sentiment de catalinité a toujours existé. Les gens se sentent français, mais après il ne faut pas leur dire qu’ils ne sont pas catalans. La France a eu une évolution qui a convaincu la population que le progrès personnel et sociétal allait avec l’intégration et cette conception de la nation française.» Joan-Daniel Bezsonoff, lui aussi écrivain en langue catalane, abonde: «Les gens ont une incrédulité sympathique. Ils ne croient pas à une indépendance catalane car il y a trop d’obstacles, mais cela plaît. On ne pense pas à renier d’être français, c’est une évidence. Un peu comme si on changeait de sexe. Nous sommes Français par essence mais aussi catalans .»
«Respect-Reconnaissance et République»
Loin de revendications politiques vis-à-vis de Paris, l’affirmation de l’identité catalane a toutefois été mise en évidence lors du nouveau découpage territorial. La création de la région Occitanie, résultant de la fusion entre Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon, a engendré des tensions et des manifestations qui avaient alors rassemblé des milliers de personnes dans les rues de Perpignan. Lors des dernières élections législatives, la force politique régionaliste «Oui au Pays Catalan», née de ce mécontentement, a recueilli entre 3,5 et 4% des suffrages. Une première. Auparavant les mouvances catalanes ne rassemblaient qu’un pourcent des voix lors des scrutins locaux. D’après Jordi Vera, coordinateur du mouvement, ce parti se réclame des «3 R: Respect-Reconnaissance et République».
Le but du mouvement? La création d’une collectivité territoriale avec une autonomie interne dans le cadre de la république. Soit une reconnaissance des Pyrénées-Orientales avec un statut particulier, assimilable à la Corse. «On est fier d’être catalans, c’est notre culture. Mais je suis Français. Je suis un citoyen français de nationalité catalane», conclut Jordi Vera.