Référendum catalan : plusieurs mouvements autonomistes existent en Europe

Le référendum défendu coûte que coûte par l’exécutif catalan pourrait réveiller ou encourager d’autres velléités indépendantistes sur le continent. Tour d’horizon de huit territoires aux aspirations autonomistes.

En Europe, les yeux se tournent vers la Catalogne. Le référendum illégal qui doit s’y tenir dimanche rappelle combien les volontés indépendantistes peuvent rapidement naître ou se raviver, au fil des événements et des pays, y compris en Europe. Dans le sillage catalan, plusieurs territoires revendiquent également davantage d’autonomie, voire une indépendance pleine et entière. Certains entendent d’ailleurs profiter des remous espagnols pour faire valoir leurs aspirations.

Nous en avons dressé une liste en nous concentrant sur les mouvements d’ampleur ou engagés dans un processus déjà avancé, et qui concernent des territoires revendiquant une autonomie ou une indépendance hors d’un autre État. Les régions sécessionnistes réclamant leur rattachement à un autre territoire apparaissent différentes, raison pour laquelle nous n’avons pas intégré à cette liste l’Irlande du Nord, bien qu’il s’agisse d’un conflit indépendantiste emblématique. De même, des régions à l’histoire marquée par des revendications indépendantistes mais aux conséquences moindres, comme la Bretagne, n’y figurent pas.

La région autonome espagnole semble arrivée au pic d’un conflit de plusieurs années. La crise économique de 2008 a creusé le fossé entre les régions du nord et du sud du pays, ravivant une volonté d’indépendance économique chez une partie des Catalans, dont la région est l’une des plus riches du pays. À ce déséquilibre économique s’est ajouté, sur le plan politique, l’échec de Barcelone à faire reconnaître l’existence d’une «nation catalane» dans la constitution espagnole. En 2010, le Tribunal constitutionnel décide en effet d’invalider cette disposition, ainsi que la reconnaissance du catalan comme langue principale de l’administration régionale.

Une première tentative de référendum sur l’autodétermination échoue en 2014, face aux blocages juridiques de Madrid, laissant place à un vote symbolique. Dans la foulée, les élections législatives de 2015 placent les indépendantistes à la tête de la région. Revendiquant une légitimité offerte par cette victoire électorale, le nouveau président catalan, Carles Puigdemont, entame alors un bras de fer juridique avec Madrid pour organiser un référendum d’autodétermination officiel. La manœuvre replonge l’Espagne dans un débat institutionnel de longue date.

Italie du Nord

Née en 1991, la Ligue du Nord, mouvement souverainiste italien, ambitionnait à sa création de faire naître une région autonome au nord de l’Italie. La Padanie aurait ainsi rassemblé des territoires situés autour de la plaine du fleuve Pô. Avec la mise en retrait de son fondateur, Umberto Bossi, des différends internes quant à la ligne à suivre sont nés. Plusieurs responsables soutiennent désormais l’idée d’une alliance économique entre différentes régions riches du Nord, qui souhaitent moins contribuer aux finances des régions plus pauvres du Sud. Parmi eux, les gouverneurs de Lombardie et de Vénitie organisent un référendum consultatif sur la plus grande autonomie de leur région le 22 octobre.

La Corse

Le nationalisme corse a franchi une nouvelle étape en 2015, lorsque les candidats indépendantistes ont remporté les élections régionales, ainsi que lors de leur victoire aux dernières législatives dans 3 des 4 circonscriptions de l’île. Cet accomplissement politique achève la transition d’une longue histoire du nationalisme corse vers le terrain politique, après l’annonce du dépôt des armes par le FLNC en juin 2014. Désormais, la revendication première n’est plus tant l’indépendance complète de l’île mais plutôt la reconnaissance d’un statut autonome. Un objectif pour lequel le référendum catalan pourrait bien servir de guide: le FLNC du 22 octobre a appelé à faire élire une majorité nationaliste aux élections territoriales dans l’île fin décembre. Il menace, faute d’avancées sur l’«autonomie» de l’île, d’un «élan populaire» à la catalane.