Les violences qui ont marqué le référendum d’autodétermination interdit en Catalogne laissent craindre à la presse française de lundi que le bras de fer entre indépendantistes et gouvernement de Madrid ne ravive les démons de la guerre civile.
Pour Le Figaro, « les violences creusent le fossé entre Madrid et la Catalogne ».
« L’Espagne ne doit pas prendre ce chemin sanglant qu’elle ne connaît que trop bien », insiste Johan Hufnagel dans son éditorial de Libération.
« La situation n’a pourtant pas d’autre issue positive qu’une discussion politique et une résolution démocratique », martèle Patrick Apel-Muller. « C’est ce chemin qui doit être exploré, plutôt que les charges matraque en main ou les tirs de balles en caoutchouc. »
« C’est moins le résultat du référendum que la manière dont le pouvoir central a géré cette affaire qui fait des séparatistes, passant pour les victimes, les vainqueurs du bras de fer », estime Laurent Bodin dans L’Alsace.
Dans La République des Pyrénées, Jean-Michel Helvig regrette « des scènes de violences policières qui permettent maintenant aux indépendantistes de se poser en victimes, quand ils n’étaient que des apprentis-sorciers ».
« Ce référendum était un piège et (le président du gouvernement) Mariano Rajoy s’y est jeté tête la première », constate Pascal Coquis des Dernières Nouvelles d’Alsace.
« L’exemple espagnol montre qu’à vouloir réprimer trop durement les indépendantistes, on prend le risque de les victimiser, donc de les conforter », confirme Benoît Gaudibert dans L’Est républicain.
« La journée d’hier démontre que la violence est à portée de main. Au coin de la rue, les rêves d’indépendance peuvent se muer en guerre civile, comme autrefois », met en garde Jean Levallois dans La Presse de la Manche.
« Au sortir du franquisme, l’Espagne s’est réinventée comme un pays très décentralisé », rappelle Jean-Christophe Ploquin dans La Croix. « Peut-être le pays peut-il évoluer vers un fédéralisme plus poussé. »
En Belgique, la presse a aussi ses opinions. Dans nos colonnes, Hubert Leclerq résume la situation ainsi: « Le Premier ministre espagnol, déjà en sursis politiquement, pourrait ne pas survivre à ce dimanche et à cette image, terrible, de cette dame d’un certain âge, les cheveux blancs maculés d’un épais filet de sang. »
Seul Bart Brinckman, dans les colonnes de De Standaard, pense que le gouvernement espagnol devrait « avoir de la compréhension face aux aspirations catalanes à l’autonomie voire à l’indépendance ».