Le président serbe Aleksandar Vucic a critiqué la position de l’UE sur le référendum catalan jugé «illégal», rappelant que Bruxelles avait reconnu la déclaration d’indépendance du Kosovo en 2008, alors qu’elle n’avait pas fait l’objet d’un vote.
Le référendum sur l’indépendance de la Catalogne organisé le 1er octobre a suscité de nombreuses réactions à travers le monde. Certains ont soutenu la démarche des indépendantistes, d’autres, comme la Russie, ont préféré ne pas prendre parti. Certains, enfin, ont condamné un scrutin jugé illégal, à l’instar de l’Union européenne. Lors d’une conférence de presse donnée le 2 octobre, le président serbe Aleksandar Vucic a dénoncé une incohérence dans la position adoptée par Bruxelles.
«La question que chaque citoyen serbe se pose aujourd’hui en regardant l’Union européenne est la suivante : comment se fait-il que, dans le cas de la Catalogne, le référendum d’indépendance ne soit pas valide, mais qu’à ses yeux la sécession du Kosovo, pourtant organisée sans référendum, le soit ?», s’est-il interrogé, comme le rapporte la chaîne de télévision serbe B92.
En effet, la Commission européenne s’est alignée sur la position du gouvernement espagnol, considérant que le référendum catalan était illégal, car non-constitutionnel. Ce refus européen d’entendre les revendications d’indépendances catalanes n’a pas échappé à Belgrade. Dans le cas de l’indépendance du Kosovo proclamée en 2008, l’Union européenne avait appuyé les démarches de sécession de l’ancienne province autonome serbe.
Le contraste, selon Aleksandar Vucic, est d’autant plus flagrant que l’Union européenne a affirmé que la répression violente par la police espagnole le jour du référendum relevait d’une «affaire interne» dans laquelle elle ne voulait pas faire ingérence. Or, dans le cas du Kosovo, Bruxelles avait rapidement pris position, jusqu’à adopter une résolution demandant aux Etats européens de reconnaître le Kosovo indépendant. «C’est le meilleur exemple du deux poids deux mesures et de l’hypocrisie dans le domaine de la politique internationale», a martelé Aleksandar Vucic.
Le Kosovo : un précédent majeur dans les relations internationales
Le Kosovo, province serbe majoritairement peuplée d’Albanais, a déclaré son indépendance en 2008 après une longue et meurtrière guerre débutée en 2009. Au cours du conflit, les Etats-Unis et l’OTAN étaient intervenus sans mandat de l’ONU à l’appel des rebelles albanais qui luttaient pour l’indépendance contre le gouvernement yougoslave de Belgrade, attaché à l’unité du pays. Si une grande partie de la minorité serbe du Kosovo a fui le pays par peur des représailles des milices albanaises, un certain nombre demeurent toujours dans le nord du pays.
La question du Kosovo constitue depuis près de dix ans un précédent en matière de politique internationale, auquel sont particulièrement sensibles les pays où des mouvements séparatistes agissent. Ainsi, le pays n’est par exemple pas reconnu par la Grèce, la Tunisie, la Roumanie… ou l’Espagne, qui a préféré faire le choix de la cohérence plutôt que de se plier à la résolution européenne de 2010.
C’est également la position adoptée depuis toujours par la Russie, notamment parce qu’elle révèle l’ambivalence de la position occidentale dans le dossier criméen. «Nos partenaires occidentaux ont créé le précédent du Kosovo de leurs propres mains», avait déclaré Vladimir Poutine devant le parlement russe en 2014. Il avait alors souligné que la situation au Kosovo et en Crimée était «exactement la même», mais que la diplomatie occidentale, dans sa grande majorité, avait choisi de traiter les deux cas de manière différente.