La guerre non déclarée de la CIA à la Russie

La CIA et d’autres services de renseignement occidentaux recrutent des spécialistes parlant russe, et diffusent activement cette information dans les médias.

L’agence recherche des Américains détenteurs d’un diplôme d’études supérieures, parlant russe et que la sécurité nationale «ne laisse pas indifférents». Il ne fait aucun doute que le nombre nécessaire de collaborateurs sera recruté: il y aura toujours suffisamment de personnes qui, moyennant un bon salaire, seront prêtes à prétendre que les problèmes de sécurité nationale de leur pays les préoccupent. Tout comme il ne fait aucun doute qu’un nouveau pas en arrière vient d’être franchi sur la voie de l’établissement de bonnes relations avec la Russie.

Les «partenaires» américains ne sont pas les seuls à afficher aussi ouvertement leur position envers Moscou. Ainsi, fin mars, l’Otan recherchait pour ses exercices des figurants devant imiter des Russes. Le processus de recrutement avait été pris en charge par une agence de recrutement allemande coopérant avec l’Otan et l’armée américaine.

On se demande quelle vague d’hystérie se serait répandue dans le monde entier si, en préparant les exercices russo-biélorusses de septembre, avait été annoncé le recrutement de figurants parlant la langue des pays frontaliers. On aurait certainement associé cet événement avec le déclenchement d’une troisième guerre mondiale.

Très probablement, ne sachant pas comment encore nuire à la Russie (les sanctions ne fonctionnent pas, on ne parvient pas à entraîner Moscou dans une guerre contre l’Ukraine ni à effrayer le monde en brandissant la menace russe), il ne reste plus qu’une solution: empêcher par tous les moyens le rétablissement de bonnes relations avec Moscou. Quand les plus grands services de renseignement d’un État affichent une hostilité ouverte envers un autre pays, on peut difficilement parler d’amitié.

Ivan Konovalov, directeur du Centre russe de conjoncture stratégique, estime que ces actions de la CIA sont les maillons d’une même chaîne, en l’occurrence une «guerre non déclarée à notre pays». Peu importe son nom — guerre hybride, froide, médiatique ou autre. Le but est que le mythe de la menace russe soit entretenu. Le recrutement d’agents russophones pour parer cette fameuse menace s’inscrit très bien dans cette ligne. Et peu importe l’inexistence de la menace. En en parlant chaque jour et en entreprenant même certaines démarches on commence involontairement à y croire.

Constatant que la Russie postsoviétique s’était définitivement relevée et n’avait pas l’intention de fléchir devant qui que ce soit, l’establishment américain a tiré ses conclusions. Surtout, les renseignements américains ont décidé de renforcer leurs positions sur le dossier russe. D’abord discrètement, en le camouflant sous diverses activités, puis plus ouvertement sans se préoccuper de la manière dont ce sera perçu. C’est pourquoi le recrutement actuel de collaborateurs russophones au sein de la CIA doit être considéré comme la fin logique de la chaîne de leurs actions et la poursuite de l’attisement des sentiments russophobes.

Inutile, donc, de se faire des illusions: les collaborateurs russophones de la CIA ne seront certainement pas chargés d’établir de bonnes relations bilatérales.

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