Le commentateur politique à l’émission La Joute de LCN, Luc Lavoie, est suspendu par TVA, alors que la Sûreté du Québec (SQ) a ouvert une enquête sur les propos qu’il a tenus en ondes mardi en parlant d’une «chasse aux séparatistes».
Depuis mardi, a indiqué la SQ à La Presse, plusieurs citoyens ont communiqué avec le corps policier pour signaler les propos tenus par M. Lavoie, qui appelé à commenter la pétition déposée au Salon bleu concernant la chasse aux écureuils, a dit en ricanant :
«On pourrait prendre nos « guns » comme les Américains « pis » on tire des écureuils. (…) En fait, moi, j’aurais aimé pouvoir chasser les séparatistes, mais ça a l’air que c’est pas possible.»
En soirée, mardi, M. Lavoie s’est excusé sur Facebook. «J’ai parlé de « faire la chasse aux séparatistes » et, dès que je l’ai dit, j’ai su que cela était offensant et odieux», a-t-il écrit.
Pour l’instant, les enquêteurs de la SQ analysent les propos prononcés par Luc Lavoie afin de déterminer s’il y a eu commission d’une infraction criminelle, a-t-on indiqué à La Presse. Les résultats de l’enquête pourraient éventuellement atterrir sur le bureau du Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP).
La page publique de Luc Lavoie a été depuis désactivée sur Facebook.
Un retrait des ondes salué par le PQ
Le chef du Parti québécois, Jean-François Lisée, a salué la décision de TVA de retirer Luc Lavoie des ondes.
«Que TVA ait décidé de suspendre M. Lavoie de l’antenne pour une période indéterminée, c’était une bonne décision. Ses propos n’étaient pas acceptables, ça méritait une sanction», a-t-il déclaré en mêlée de presse, ajoutant que «la violence, ce n’est jamais drôle et il n’y a pas de blagues à faire avec ça.»
Plus tôt, le chef péquiste n’avait pas mâché ses mots pour exprimer sa colère contre Luc Lavoie.
«S’il avait dit juif, noir, musulman, femme, handicapé, quelle serait la sanction [imposée par TVA] ? (…) La direction de TVA a une décision importante à prendre aujourd’hui face à la nature des propos qui ont été tenus sur son antenne et [on s’attend à ce] qu’elle donne la même réaction que si la phrase avait visé d’autres groupes», avait-il dit, en colère.
Agnès Maltais, qui accompagnait son chef, était elle aussi toujours furieuse contre l’analyste politique vedette de TVA.
«Il y a eu un attentat au centre culturel islamique. Est-ce que ça serait acceptable qu’on dise [qu’on va] partir à la chasse aux musulmans ? Mme Marois a été victime d’un attentat, j’ai des amis, des collègues, qui ont failli mourir dans [cet] attentat, et il y a un commentateur chevronné, que je respecte, qui dit moi aussi j’aimerais partir à la chasse aux séparatistes. Je pense qu’on a le devoir de réclamer de la part de TVA une réaction à la mesure de ce qui a été dit, point final», avait affirmé Mme Maltais.
Du côté de Québec solidaire, toujours mardi matin, le député de Mercier, Amir Khadir, avait qualifié d’«ahurissants» les propos tenus par Luc Lavoie, mais s’était refusé à «commencer à faire de la censure et à dire à TVA ce qu’ils doivent faire.»
«Il s’est excusé, c’était le minimum à faire, j’espère qu’il est sincère. (…) On part de la bonne foi de tout le monde, mais son mauvais jugement ne s’est pas exercé uniquement qu’à cette occasion, [mardi]. On le voit souvent, il est d’une rage, d’une hargne envers le peuple québécois quand il s’agit de notre autodétermination. Il a une dent enragée contre les indépendantistes, c’est sûr», avait-il déclaré en mêlée de presse.