La Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires a reçu, vendredi, le prix Nobel de la paix, alors que « le danger que plus de pays se procurent des armes nucléaires est réel », a rappelé la présidente du Comité.
Le prix Nobel de la paix 2017 a été attribué, vendredi 6 octobre, à l’ICAN, la campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires.
« Nous vivons dans un monde où le risque que les armes nucléaires soient utilisées est plus élevé qu’il ne l’a été depuis longtemps. Certains pays modernisent leurs arsenaux nucléaires, et le danger que plus de pays se procurent des armes nucléaires est réel, comme le montre la Corée du Nord », a déclaré la présidente du comité Nobel norvégien, Berit Reiss-Andersen. À l’occasion de l’annonce du Nobel de la paix, elle a appelé les puissances nucléaires à entamer des « négociations sérieuses » en vue d’éliminer leur arsenal.
Cette récompense internationale, dotée de neuf millions de couronnes suédoises (près d’un million d’euros), sera remis à Oslo le 10 décembre 2017.
L’Ican à l’initiative d’un traité antinucléaire boycotté par la France
L’Ican est une coalition internationale réunissant dans une centaine de pays des centaines d’organisations humanitaires, environnementales, de protection des droits de l’homme, pacifistes et pour le développement. L’organisation, financée par des donateurs privés et par des contributions de l’Union européenne et d’États, dont la Norvège, la Suisse, l’Allemagne et le Vatican, a été constituée officiellement en 2007 à Vienne, en marge d’une conférence internationale du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP). Depuis dix ans, l’Ican tire la sonnette d’alarme pour demander « l’élimination » des armes nucléaires.
Ce combat acharné a permis à l’organisation de remporter une importante victoire en juillet à l’ONU, lorsqu’une cinquantaine de pays ont lancé la signature d’un traité bannissant l’arme atomique. Sa portée reste encore symbolique en raison du boycott du texte par les neuf puissances nucléaires (États-Unis, Russie, Royaume-Uni, France, Chine, Inde, Pakistan, Israël et Corée du Nord), qui possèdent au total environ 15 000 armes nucléaires. En outre, la portée du traité reste pour l’instant limitée, car il entrera en vigueur une fois qu’il aura été ratifié par 50 pays.
« Plus nous parvenons à rallier les pays (…) et plus les opinions publiques vont changer et penser que c’est inacceptable [et] plus ce sera dur pour les États disposant de l’arme nucléaire de le justifier », a estimé la Suédoise Beatrice Fihn, qui dirige l’Ican. La récente exacerbation des tensions entre les États-Unis et la Corée du Nord autour du programme nucléaire nord-coréen est selon l’Ican un « signal d’alarme ».