Syrie : Raqqa en route vers la reconstruction

L’ancien fief de l’Etat Islamique, ville de Raqqa est sur le point d’être complètement libérée par les Forces démocratiques syriennes, un Conseil civil a été créé à proximité la ville dans le but de la reconstruire.

Mohamed Hassan étale une grande carte de Raqqa sur une table : avec d’autres volontaires, le jeune ingénieur se penche déjà sur la reconstruction de cette ville syrienne dévastée où des forces antidjihadistes bataillent toujours contre le groupe Etat islamique. « Nous connaissons chaque centimètre de Raqqa », a affirmé Mohamed Hassan, 27 ans, membre du Conseil civil de la ville, une administration locale, à l’AFP. « Tout ce dont nous avons besoin, c’est l’annonce de la libération, que nous attendons dans les prochains jours ».

Ces dernières 24 heures, une centaine de combattants du groupe djihadiste Etat islamique (EI) dans la ville syrienne de Raqa se sont rendus, a annoncé samedi la coalition antidjihadiste internationale menée par Washington. La coalition avait estimé jeudi qu’entre 300 et 400 combattants de l’EI se trouvaient encore à Raqqa, avec des centaines de civils pris au piège dans cette ville prise par les djihadistes en 2014.

Un paysage de ruines et de désolation

Mohamed Hassan fait partie des dizaines d’avocats et d’ingénieurs qui, depuis Aïn Issa, à quelque 50 kilomètres au nord de Raqqa, étudient les premiers travaux à lancer en priorité dans la ville qui fut la « capitale » de facto de l’EI en Syrie. Une alliance de combattants kurdes et arabes soutenue par Washington a conquis près de 90 % de Raqqa mais plusieurs mois de bombardements aériens menés par la coalition internationale antidjihadistes l’ont transformée en un paysage de ruines et de désolation.

Un Conseil civil chargé de tout reconstruire

Sur la carte, Mohamed Hassan indique des stations de pompage d’eau qui attendent d’être restaurées et montre des avenues bloquées par des gravats à déblayer. « Nous allons commencer de l’extérieur et progresser vers l’intérieur », a-t-il expliqué. Créé il y a six mois, le Conseil civil de Raqqa regroupe quelque 100 volontaires originaires de la ville et de ses environs Ils sont répartis entre 14 comités chargés de problématiques comme la réouverture des écoles, la reconstruction des hôpitaux et des maisons ou la remise en état des services d’eau et d’électricité.

« On ne peut rien faire avant de nous débarrasser des mines »

Mais le premier chantier à gérer, c’est la neutralisation des mines laissées par les djihadistes. Elles sont partout : dans les rues, les institutions publiques, les maisons. « C’est un défi énorme. On ne peut rien faire avant de nous débarrasser des mines », a reconnu Ibrahim al-Hassan, un autre ingénieur. « La deuxième phase, c’est la restauration des réseaux d’eau et d’électricité. Après, on pourra s’occuper des écoles. Ce sont les priorités essentielles », a-t-il poursuit.

Un soutien des Etats-Unis

Devant les locaux à Aïn Issa, des bulldozers attendent d’entrer en action. Ce sont les premiers d’un lot de 56 machines offertes par le département d’Etat américain. Washington et la coalition internationale anti-EI ont « des projets de court terme, à impact rapide » pour redonner vie à Raqa. Des opérations de déminage d’infrastructures vitales, comme les écoles et les hôpitaux, sont ainsi prévues.

Les Etats-Unis ont toutefois aidé le Conseil civil de Raqqa à « prépositionner » plus de 900 tonnes de nourriture – riz, fèves et blé notamment – dans des silos à grains rénovés près d’Aïn Issa, en attendant de pouvoir les distribuer à Raqqa. Cette aide comprend également la fourniture de citernes d’eau, de camions de collecte des eaux usées et de kits d’hygiène pour les dizaines de milliers de civils qui devraient regagner la ville une fois les combats terminés.

Le coût de la reconstruction encore inconnu

Pour l’heure, le coût de la reconstruction n’a pas été évalué : en raison des violences, les membres du Conseil civil ne peuvent pas se rendre à Raqqa. L’Union européenne s’est toutefois engagée à hauteur de trois millions d’euros pour financer des opérations de déminage.