La sénatrice écologiste Esther Benbassa (EELV) a dénoncé lundi les contradictions du gouvernement au sujet des migrants, après une visite près de la frontière italienne où « tout (l)’a heurtée ».
« Le président Macron a dit qu’il fallait accueillir les réfugiés avec bienveillance, ce n’était pas le cas », a-t-elle déclaré à la presse.
Elle s’est rendue à Menton « pour voir comment on contrôlait les trains », puis visité « la salle d’attente » de la police aux frontières et qui « n’était pas un endroit pour accueillir des réfugiés avec bienveillance ». « C’était exigu avec trois toilettes au milieu d’une cour et ça sentait très mauvais », a-t-elle affirmé.
Mme Benbassa s’est aussi penchée sur des registres dans lesquelles elle a trouvé parmi les noms de passeurs, de personnes interpellées, celui de personnes avec des mentions telles que « prostituée, a aidé des étrangers » ou « retraité, a aidé des étrangers » ou encore « femme au foyer, etc ».
Selon la préfecture, la police aux frontières a procédé à 37.000 interpellations depuis janvier à la frontière. « Tout m’a heurtée, et la gare quand même ! », s’est-elle exclamée. « Etant professeur d’histoire à l’université, ça m’a rappelé des temps bien sombres où l’on contrôlait des trains pendant la Seconde guerre mondiale. Les policiers rentraient d’emblée dans le train et descendaient des gens ».
Mme Benbassa a comparé l’agriculteur militant Cédric Herrou et l’universitaire Pierre-Alain Manonni, condamnés en 2017 pour leur aide aux migrants, aux Justes qui secouraient des Juifs en 1939-45. « Les gens risquaient très gros, c’était la guerre, aujourd’hui on risque beaucoup moins », a-t-elle dit.
Membre de la commission des lois au Sénat, Mme Benbassa prépare une proposition de loi pour clarifier le délit de solidarité, après les condamnations à Nice de plusieurs bénévoles à de la prison avec sursis.