Macron-Hollande : règlement de compte à distance

Entre Emmanuel Macron et François Hollande, rien ne va plus. Le nouveau chef de l’Etat égratigne dès qu’il le peut son prédécesseur.

Et l’ancien président ne se prive pas non plus d’envoyer des messages sur les choix politiques de celui qui l’a remplacé à l’Elysée. Dernier exemple en date, à Séoul, où il a participé au World Knowledge Forum à sa première conférence depuis qu’il a quitté ses fonctions, François Hollande s’en est pris à la réforme de l’impôt sur la fortune.

« La fiscalité est un facteur de cohésion nationale et sociale », a commencé François Hollande avant de poursuivre : « Si dans un pays, l’idée s’installe qu’il y a une fiscalité allégée pour les riches et alourdie pour les plus modestes ou les classes moyennes, alors c’est la productivité globale du pays, la capacité qu’il a à se mobiliser pour son avenir qui se trouvent mises en cause ».

Quelques mots qui tombent au moment où, en France, la polémique sur la transformation de l’impôt sur la fortune (ISF) en impôt sur la fortune immobilière (IFI) fait rage et où Emmanuel Macron est accusé par ses adversaires d’être le « président des riches ». Quelques mots qui sonnent encore une fois comme une mise en garde destinée à son successeur à l’Elysée, même s’il n’est pas nommé. Quelques mots surtout qui répondent aux coups de griffes distribués par Emmanuel Macron lors de sa première interview à la télévision française la veille, le 15 octobre.

Hollande contre-modèle de Macron

Le président de la République a, en effet, critiqué son prédécesseur à plusieurs reprises. Evoquant l’engagement de François Hollande d’être jugé sur l’inversion de la courbe du chômage, il a déclaré : « On ne juge pas l’action du président de la République seulement sur un indicateur, c’est un de mes désaccords avec mon prédécesseur ». Emmanuel Macron a de nouveau critiqué l’instauration décidée par François Hollande d’une taxe à 75 % sur les plus hauts revenus dont il avait dit à l’époque : « C’est Cuba sans le soleil ». Le chef de l’Etat s’est aussi défendu de gouverner en « tacticien » le nez sur les sondages et enfin il a asséné : « Sur tout, je fais ce j’ai dit… c’est en effet tout à fait nouveau ». Autant de mots destinés à permettre à Emmanuel Macron de bien montrer qu’il est différent de François Hollande dont il veut faire un contre-modèle pour sa présidence.

Cette passe d’armes n’est pas la première. Déjà, il y a quelques mois, François Hollande avait conseillé en plein débat sur les ordonnances sur le code du travail de ne pas demander aux Français « des sacrifices inutiles ». Emmanuel Macron n’avait pas laissé passer cette attaque, en critiquant lors d’une conférence de presse en Autriche, l’échec de la France -sous-entendu de son prédécesseur- contre le chômage de masse.

Emmanuel Macron n’a d’ailleurs jamais invité François Hollande à l’Elysée depuis qu’il a été élu alors que Nicolas Sarkozy et son épouse Carla Bruni ont eu, eux, les honneurs du Palais présidentiel pour un diner. Un signe de plus qui indique que la relation entre l’ancien chef de l’Etat et celui qui a été son secrétaire général adjoint à l’Elysée puis son ministre, n’est plus placée sous le signe de la bienveillance.

Lien