L’ancien ministre des Affaires étrangères sera à Damas début novembre avant une visite à Beyrouth où il doit rencontrer Michel Aoun.
Roland Dumas effectuera une visite en Syrie les 6 et 7 novembre prochains, où il rencontrera le président Bachar el-Assad à Damas, selon des sources française et syrienne. L’ancien ministre des Affaires étrangères âgé de 95 ans se rendra également au Liban où il aura un entretien avec le président de la République, Michel Aoun, a confié au Figaro un de ses proches. Il devrait être accompagné de deux députés au cours de sa mini-tournée au Levant.
Ancien ministre socialiste des Affaires étrangères sous François Mitterrand, Roland Dumas fut proche dans les années 1990 de Nahed Ojjeh, la fille de l’ancien ministre syrien de la Défense, Moustapha Tlass. Ce dernier est décédé en juin à Paris où s’est exilé son fils, le général Manaf Tlass, proche de Bachar el-Assad, avant de faire défection en juillet 2012, un an après le déclenchement de la révolte contre le pouvoir syrien. Le cercueil de Moustapha Tlass, enveloppé dans un drapeau de l’armée syrienne lors de ses obsèques à Paris, n’a pas été rapatrié en Syrie.
Assouplissement
La visite de Roland Dumas sera d’ordre privé. La France a fermé son ambassade à Damas au printemps 2012. Sous Nicolas Sarkozy puis François Hollande, Paris était en pointe pour renverser le régime syrien. Tournant le dos au «néo conservatisme moralisateur» de ses prédécesseurs, Emmanuel Macron a assoupli la position française, dont la priorité en Syrie est désormais la lutte anti-terroriste contre les djihadistes liés à l’organisation Etat islamique. Tout en affirmant que Bachar el-Assad est «un criminel de guerre», le chef de l’Etat ne fait plus du départ du leader syrien un préalable à toute négociation.
La France, qui cherche à revenir dans le jeu d’une transition négociée du pouvoir en Syrie, n’entretient plus de relations diplomatiques avec Damas, où plusieurs délégations de députés se sont déjà rendu depuis 2012, sans l’aval du Quai d’Orsay, ni de l’Elysée. A leur retour, certains parlementaires étaient porteurs de message du régime syrien sur une reprise conditionnée de la coopération sécuritaire avec les services de renseignements français.
La visite de Roland Dumas interviendra alors que l’ex-«capitale» syrienne de Daech, Raqqa, est tombée aux mains de forces arabo-kurdes, soutenues par les Américains, et au moment où l’armée syrienne et ses alliés russes et iraniens mènent la bataille contre Der Ezzor, ville voisine de Raqqa sur l’Euphrate, et l’un des derniers bastions djihadistes en Syrie. Des combattants français pourraient y avoir trouvé refuge. En cas d’arrestation par Damas de certains d’entre eux, la question de leur sort serait, comme à Raqqa, posée. Mais cette fois, avec un pouvoir syrien, dont le maintien à court terme du moins ne fait plus de doute, mais avec lequel les canaux de communication ont été rompus.