De hauts responsables des Etats-Unis ne cachent pas le désir du pays de renforcer sa posture militaire en Afrique.
Les Etats-Unis envisagent de renforcer leur posture militaire en Afrique pour traquer les jihadistes du groupe Etat islamique (EI) qui cherchent à se repositionner après la chute de leur « califat » aux confins de la Syrie et l’Irak, selon plusieurs responsables américains.
« La guerre se déplace »
Il y a quelques jours, le sénateur Lindsey Graham (Parti républicain) avait été encore plus clair :
« La guerre est en train de se déplacer. Nous allons assister à davantage d’actions en Afrique »,
avait-il déclaré à la presse à la sortie d’un entretien avec M. Mattis. L’Afrique est déjà la deuxième zone d’intervention dans le monde des Forces spéciales américaines, après le Proche-Orient. Ces unités d’élites y sont chargées de former les militaires locaux à la lutte anti-terroriste. Ils ne sont pas sensés partir en mission avec les militaires locaux quand il y a un risque de combat, a souligné le général Dunford.
Mais ces règles d’engagement « vont changer dans le cas des opérations anti-terroristes », a prévenu Lindsay Graham, laissant entendre que les soldats américains sur le terrain seraient autorisés à tirer les premiers sur des « cibles terroristes », ce qui n’est pas le cas actuellement. La guerre « est en train de se déplacer », a confirmé le général Dunford lundi. « Je ne suis pas sûr qu’on puisse dire qu’elle se déplace vers l’Afrique seulement. Nous sommes confrontés à un défi qui s’étend de l’Afrique de l’Ouest à l’Asie du Sud-Est ». « Je pense que l’ISIS va tenter d’établir une présence physique ailleurs qu’en Irak ou en Syrie, maintenant qu’ils ont perdu leur califat de Raqa et Mossoul », a-t-il expliqué. « C’est bien pourquoi nous conduisons les sortes d’opérations que nous avons au Niger, pour nous assurer que les forces locales ont la capacité de l’empêcher ».
Les Etats-Unis soutiennent l’opération militaire française Barkhane dans cinq pays du Sahel (Mauritanie, Mali, Tchad, Niger, Burkina Faso), laissant à la France la tâche de mener le combat contre les groupes islamistes radicaux dans cette région avec les alliés africains. Les Etats-Unis apportent notamment du ravitaillement aérien pour les avions français et échangent du renseignement avec les Français. Même si la présence de soldats américains en Afrique est peu connue de l’opinion publique américaine, les Etats-Unis ont 6.000 hommes déployés dans 53 pays du continent, notamment au Tchad, en République démocratique du Congo, en Ethiopie, en Somalie, en Ouganda, au Rwanda et au Kenya. Les effectifs des forces spéciales américaines varient fréquemment car leurs missions sont courtes mais, au moment des faits, 800 d’entre eux étaient déployés au Niger, ce qui en fait la force américaine la plus importante en Afrique. Malgré l’embuscade de début octobre, « notre intention est de continuer les opérations là-bas », a assuré le général Dunford.