200 Algériens environ ont rejoint Daesh. Alors que la débâcle de l’organisation terroriste est annoncée, le retour de ces djihadistes inquiète Alger, qui veut renforcer la coopération régionale pour lutter contre le terrorisme.
L’Algérie garde un amer souvenir des années 1990 et des combats ayant suivi le retour des terroristes opérant à l’étranger sur son sol national. Le 23 octobre, elle a appelé au renforcement de la coopération régionale et internationale afin de se préparer au retour éventuel des djihadistes de Daesh d’origine algérienne, selon l’agence TSA.
«L’effort de renforcement des capacités dans cette région, de plus en plus ciblée par l’activisme terroriste, participe de l’effort collectif et permettra à cette région de mieux affronter localement les nombreuses menaces qui nous préoccupent tous», a déclaré Abdelkader Messahel, ministre des Affaires étrangères, lors d’une réunion du Forum mondial de lutte contre le terrorisme qui s’est ouvert le 23 octobre à Alger.
«La question se pose du retour des combattants terroristes étrangers, phénomène qui va s’accentuer en conséquence des défaites militaires enregistrées par les troupes de Daesh dans les zones de conflits armés en Syrie et en Irak, notamment», a-t-il estimé. En effet, les principaux fiefs de l’Etat islamique tombent un à un depuis la libération d’Alep. Et la chute de Raqqa semble marquer la fin du califat, annonçant d’éventuels replis des combattants, qui pourraient revenir dans leurs pays d’origine.
Lutter en coopération avec tous les pays de la région
Concernant l’Algérie, Abdelkader Messahel a affirmé qu’elle maintenait «un haut niveau de vigilance». «Pour ce qui le concerne, mon pays, qui a durement souffert dans les années 90 de ce fléau du retour des combattants, maintient un haut niveau de vigilance à l’intérieur de son territoire et sur toutes les frontières et réitère sa disponibilité à renforcer sa coopération frontalière et policière avec l’ensemble des pays de la région», a-t-il assuré.
Abdelkader Messahel a annoncé qu’il entendait travailler au «tarissement» des multiples sources de financement du terrorisme», sous toutes ses formes : «La prise d’otages contre rançons, le crime organisé transnational sous ses différentes formes, l’exploitation aujourd’hui très juteuse des réseaux de migration illégale, d’armes et de drogue (cocaïne, héroïne et surtout haschisch), ainsi que la traite des êtres humains et le blanchiment d’argent.»
«L’Algérie continuera à soutenir la criminalisation par l’ONU du paiement des rançons contre prise d’otage et toutes les actions tendant à l’assèchement des différentes sources de financement du terrorisme», a-t-il réaffirmé, rappelant qu’Alger avait pris le parti de ne pas négocier avec les auteurs de prises d’otage à caractère terroriste.
On estime que, parmi les 25 000 combattants étrangers dans les rangs de Daesh, environ 200 seraient venus d’Algérie. L’inquiétude d’Alger est loin de faire figure d’exception. Alors que la question du sort des djihadistes étrangers en Syrie, et notamment à Raqqa, ne semble toujours pas définitivement tranchée, le retour des djihadistes français dans l’Hexagone fait l’objet de nombreuses inquiétudes.