Jeff Flake, le sénateur républicain de l’Arizona, a livré mardi 24 octobre une charge solennelle contre le président Donald Trump, dénonçant dans un discours extraordinaire son « mépris flagrant de la vérité », et le dévoiement du parti républicain dans l’ère actuelle.
Le sénateur de 54 ans, un conservateur considéré comme pragmatique sur de nombreux sujets comme l’immigration, a annoncé depuis l’hémicycle du Sénat, à la surprise générale, qu’il renonçait à briguer un nouveau mandat lors des élections législatives de novembre 2018.
Déclarant refuser d’être « complice » d’un pouvoir qu’il considère indigne, Jeff Flake a décrit pendant 17 minutes le « danger pour la démocratie » représenté par la présidence Trump.
« Nous ne devons jamais trouver normal l’affaiblissement de nos idéaux démocratiques », a déclaré le sénateur. « Les attaques personnelles, les menaces contre les principes, les libertés et les institutions, le mépris flagrant de la vérité et de la décence, les provocations dangereuses pour des raisons le plus souvent mesquines et personnelles ».
« Nous devons arrêter de faire comme si le comportement de certains au sein du pouvoir exécutif était normal », a-t-il dit. « Il n’est pas normal », a martelé Jeff Flake, décrivant un comportement « dangereux, scandaleux et indigne ».
Puis il s’est interrogé sur les enfants américains grandissant dans la période actuelle. « Quand la prochaine génération nous demandera, « pourquoi n’avez-vous rien fait? » Que répondrons-nous? » s’est-il demandé.
« Le silence peut s’assimiler à de la complicité », a-t-il résumé. « J’ai des enfants et petits-enfants à qui rendre des comptes ».
« Je ne serai ni complice ni silencieux », a conclu le sénateur. « J’ai décidé que je serai plus à même de représenter les habitants de l’Arizona et de servir mon pays et ma conscience en me libérant des considérations politiques (…) qui me forceraient à bien trop de compromissions sur les principes ».
Jeff Flake avait déjà critiqué la dérive de son parti sous l’emprise de Donald Trump, notamment dans un livre paru cet été et intitulé, en anglais, « La conscience d’un conservateur ».
Il avait lui-même été critiqué par Donald Trump en août et septembre, le milliardaire ayant encouragé une candidature rivale aux primaires de l’an prochain.
Mais jamais le sénateur-républicain n’était allé aussi loin, dénonçant non seulement le risque pour son parti mais pour la démocratie américaine.
Il a ainsi ajouté ses critiques à celles de John McCain, son collègue de l’Arizona, et du sénateur du Tennessee Bob Corker, qui lui aussi dénonce vertement la personnalité du président américain depuis qu’il a annoncé qu’il quitterait le Congrès l’an prochain.