Catalogne : la démocratie en échec – OPINION

« Et maintenant ? », se demande le Journal du Dimanche. Justement. Ce dimanche matin, les unionistes manifestent à Barcelone.

Mais pas plus tard que demain, les fonctionnaires « reprendront le chemin du travail. Et devront suivre les instructions de Madrid », souligne le JDD, le gouvernement central risque de se heurter à la « désobéissance civile » au sein des institutions. Car, admet cet hebdomadaire, la mise sous tutelle de la Catalogne est un « choc », voire un « échec » pour la démocratie espagnole.

Dans Le Parisien Dimanche, Manuel Valls prévient « l’histoire peut redevenir tragique ». Catalan d’origine, l’ancien Premier ministre français explique : « quand on touche aux frontières, à l’identité, on réveille des pulsions qui ont amené le pire en Espagne dans les années 1930 ».

Mais il n’y a pas que la Catalogne, et la tentation du séparatisme et globale. Le journal Le Point dresse l’état des lieux : « le Brexit, Trump, la Catalogne, la Lombardie, l’Autriche … certaines zones de la pourtant très prospère Bavière ont voté dans des proportions inédites pour l’extrême-droite allemande, l’Afd… Les réponses à ce grand tremblement sont, il est vrai, plus complexes à formuler qu’un “c’est la faute aux autres” », énonce Le Point.

Weinstein : la société du spectacle

Mais la Catalogne, cette semaine encore, fait figure de parent pauvre face au feuilleton de « l’affaire Weinstein ». C’est ce que remarque non sans malice Le Figaro Magazine. Le « torrent médiatique » de « Balance ton porc » réduit à presque rien tout le reste de l’actualité. La Catalogne ? Les travailleurs détachés ? La Corée du Nord ? Daech ? Siemens qui rachète « nos » TGV ? La Chine ? Le Japon ? Les migrants « venus d’Afrique » ? Tout cela est « insignifiant. Négligeable. Marginal, grince Le Fig Mag.

Il est vrai qu’il ne s’agit que de paix et de guerre ». Tout cela est « bien moins important que de savoir si tel député ou ancien ministre a posé sa main sur la cuisse d’une jeune femme ou si une actrice a pleuré en comprenant qu’un producteur l’avait invité dans sa chambre d’hôtel pas seulement pour évoquer son prochain rôle ».

Alors, cet hebdomadaire ironise. « Si on était amateur de complots, on dirait que cette campagne médiatique contre les porcs est bien utile pour ne pas voir la porcherie qui flambe. Mais ce n’est pas notre genre », proclame Le Fig Mag.

Tariq Ramadan : l’effet Weinstein

La parole publique a été libérée à la suite de cette « affaire Weinstein ». On apprend ainsi qu’une « deuxième » plainte pour « viol » a été déposée avant-hier, visant l’islamologue suisse Tariq Ramadan, annonce le journal Le Monde daté d’aujourd’hui. Elle a été déposée par une femme de 45 ans au sujet de présumés faits « d’une grande violence » qui se seraient déroulés « dans un hôtel de Lyon, en octobre 2009 », autrement dit « pas prescrits », précise Le Monde.

De nouveau encore, cette prise de position de Gérard Depardieu. Interrogé par le Journal du Dimanche qui lui demande ce qu’il pense de « l’affaire du producteur Harvey Weinstein », le comédien français, qui publie un livre intitulé « Monstre » (Cherche Midi), préfère couper court. « Je me tiens éloigné des dénonciations et des meutes, dit-il au JDDMais je déteste les prédateurs, dans tous les domaines, car ils sont dans l’abus de pouvoir ».

La déchéance de la Légion d’honneur, autrement dit le retrait de la médaille ? Ce magazine le souligne, la plupart du temps, ces « péripéties déshonorantes » se règlent discrètement. « Officiellement, pour respecter le droit à l’oubli des récipiendaires frappés d’indignité. Mais surtout pour préserver le prestige d’une institution vieille de deux siècles », explique ce journal.

Cela veut bien dire que, si le président de la République n’avait pas annoncé que sa légion d’honneur allait être retirée à Harvey Weinstein, cette déchéance se serait faite en toute discrétion. « Ce ne sont pas les intéressés, mais l’Etat lui-même qui entretient le mystère. L’exclusion ou la suspension d’un membre de l’ordre de la Légion d’honneur doit être annoncée au journal officiel. Seulement, tout est fait pour limiter l’accès aux décrets et arrêtés concernés », relève « M ».

Cet hebdomadaire a quand même cherché à savoir. Et, selon son « décompte », une seule sanction a pour l’instant été prononcée cette année : « l’exclusion d’un colonel à la retraite, condamné en justice pour des agressions sexuelles sur des mineurs. En 2016, trois autres décorés ont été déchus : un ancien gynécologue condamné pour viol et agressions sexuelles sur plusieurs de ses patientes, un ancien commissaire de police condamné pour corruption, et Patrice de Maistre, l’ancien gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt », dénombre « M », étant rappelé que l’intéressé a été condamné en 2015 « à 30 mois d’emprisonnement dont 12 avec sursis, une amende de 250 000 euros et plus de 12 millions de dommages et intérêts, pour avoir abusé de la faiblesse de sa patronne à des fins d’enrichissement personnel », rappelle Mediapart.

Pour les étrangers, en revanche, la grande chancellerie n’est plus discrète, mais « carrément muette », constate « M ». Ainsi, on ne trouve « pas trace » de la déchéance du cycliste américain Lance Armstrong. Quant à Maurice Papon, il a fait scandale en continuant à porter sa légion d’honneur après qu’on la lui ait retirée. Il s’est même « fait enterrer » avec la médaille, rappelle « M » ! Le revers de la médaille, jusque dans la tombe…

Lien