Les députés du parti autrichien d’extrême droite FPÖ ont fait jeudi une rentrée remarquée au sein du parlement issu des récentes législatives en remisant le bleuet régulièrement arboré à leur boutonnière et considéré comme un signe de ralliement de nostalgiques du nazisme.
Le FPÖ s’est toujours défendu de cette interprétation, ses membres expliquant exhiber cette petite fleur, lors de certaines occasions solennelles, comme symbole de la couleur du parti et des idéaux libéraux des révolutions de 1848 en Europe. Mais à la différence de la dernière cérémonie d’installation du parlement, en 2013, les 51 députés du parti anti-immigration et anti-islam se sont présentés jeudi sans bleuet épinglé au revers de leur veste, lui préférant une blanche edelweiss des montagnes. Commentateurs politiques et spécialistes du langage des fleurs ont spéculé sur la symbolique de ce nouvel attribut.
L’edelweiss incarne « le courage, la bravoure, l’amour », a répondu Heinz-Christian Strache, chef du parti, qui convoite un poste de vice-chancelier au sein de la future coalition gouvernementale, objet d’intenses pourparlers depuis deux semaines. Longtemps abonné aux phrases choc contre l’immigration, critiqué pour avoir flirté avec la mouvance neonazi dans sa jeunesse, Heinz-Christian Strache, 48 ans, n’a pas ménagé ses efforts pour lisser l’image de son parti au cours des dernières années. L’abandon du bleuet est interprété comme une nouvelle marque de cette quête de respectabilité. Cette fleur fut utilisée comme signe de reconnaissance par les supporters du parti nazi lorsqu’il a été interdit en Autriche dans les années 30, avant l’annexion du pays par Hitler en 1938. Au moment de l’ouverture de la nouvelle session parlementaire, quelque 200 personnes ont manifesté dans le centre de Vienne contre le retour du FPÖ au gouvernement, un scénario qui s’était déjà produit en 2000.