En six mois, le président français Emmanuel Macron a réformé tambour battant, y compris les dossiers les plus explosifs, mais au prix d’une baisse de popularité sans précédent que plombe également un style parfois jugé cassant.
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Le palais présidentiel compte corriger cette image en abolissant pour 80% des ménages la taxe d’habitation, un impôt frappant chaque personne disposant d’un bien immobilier, et en réduisant des cotisations salariales dès janvier.
« Il a le temps », souligne le politologue Bruno Cautrès (Cevipof). Le calendrier électoral est vide jusqu’aux européennes de 2019 et la conjoncture économique s’améliore.
Emmanuel Macron s’est d’ailleurs fixé une échéance de 18 mois à deux ans pour un premier bilan de ses réformes. Les Français lui accordent un délai puisque 50% estiment qu’il est encore trop tôt pour juger.
Il affiche enfin d’immenses ambitions pour l’Europe, allant d’une armée européenne à des taux d’imposition coordonnés. Et il a réussi à faire renforcer les conditions sur le travail détaché au sein de l’UE, un système vivement critiqué en France.
Le style Macron peut cependant mal passer. Il a fustigé les « fainéants », les « cyniques », les « jaloux » qui s’en prennent aux riches et veulent « jeter des cailloux sur les premiers de cordée », ceux qui réussissent. Et reproché à des manifestants de « foutre le bordel » au lieu de chercher du travail.
« La suite dépendra de ses succès socio-économiques. (…) Il a l’image de quelqu’un qui ne porte pas d’attention aux souffrances du peuple, ce qui lui nuit », avertit Bruno Cautrès.
Dans une Une en clin d’oeil, la dernière édition du magazine américain Time a barré une photo de Macron d’un grand « Le prochain leader de l’Europe », mais avec une astérisque renvoyant à une nuance: « S’il arrive d’abord à diriger la France ».