En Albanie, les « liens entre trafiquants et ministres du gouvernement sont trop importants »

L’Albanie du Premier ministre Edi Rama a longtemps fait figure de « bon élève européen » dans les Balkans. Pourtant, depuis 2014, la production et le trafic de drogues explosent et les Occidentaux commencent à hausser le ton.

Lundi 16 octobre à l’aube, la police de Catane, en Sicile, lançait un coup de filet contre un gang albanais contrôlant un vaste trafic d’armes et de drogues, et qui avait généré un chiffre d’affaires de 300 millions d’euros ces quatre dernières années. Sept individus ont été interpellés, dont le chef du groupe, Moisi Habilaj, 39 ans. Ce dernier n’est autre qu’un cousin de Saimir Tahiri, ministre de l’Intérieur de 2013 à mars 2017, et selon des écoutes téléphoniques menées par la police italienne, les deux hommes seraient restés en contact étroit. « Si vous venez en Albanie, sachez que la police est corrompue et que souvent, c’est le chef de la police lui-même qui aide à charger la marchandise », expliquait Moisi Habilaj à l’un de ses contacts siciliens, dans une conversation interceptée par les carabinieri. Lors d’une autre, il expliquait qu’il faudrait « apporter 30 000 euros à Saimir ». Depuis, l’étau se resserre chaque jour un peu plus autour du gouvernement albanais, soupçonné, au mieux, de fermer les yeux sur le trafic, au pire, de le contrôler.