La Marine américaine a perdu de sa superbe et son état déplorable deviendra une évidence lors de n’importe quel conflit à venir. Du moins, c’est ce qu’affirme le journal américain Navy Times se référant à plusieurs sondages menés auprès de marins américains.
Les incidents impliquant ces derniers temps des navires de guerre américains sont notamment provoqués par l’état psychologique et physique lamentable des marins américains qui fait planer sur l’US Navy une menace importante, ressort-il de plusieurs sondages anonymes dont les résultats ont été publiés par le journal Navy Times.
«Je prie pour qu’on ne nous ordonne jamais d’abattre un missile nord-coréen parce que notre inefficacité sera alors évidente», a indiqué un membre d’équipage du croiseur USS Shiloh basé à Yokosuka, au Japon, pour «contenir la Corée du Nord et faire face au renforcement des flottes russe et chinoise».
Selon un autre marin de ce navire, qui constitue un élément fondamental du groupe naval des États-Unis dans le Pacifique, l’US Navy est incapable de mener un vrai combat.
«Je suis persuadé que si nous entrons en guerre, on nous tuera facilement. Il y a des personnes ici, à bord de notre navire, qui souhaitent que cela arrive et que tout prenne fin», a-t-il déclaré.
Pendant les sondages anonymes, dont chacun occupe des centaines de pages, les marins font part de leurs pensées suicidaires, du désespoir et des craintes qu’ils éprouvent en raison du mauvais état de leurs navires. Les membres d’équipage parlent de surcharge de travail et de formation insuffisante.
«Je déteste mon navire et mon travail. Je déteste l’être déprimé et stupide que je suis devenu. Mes émotions et mes ambitions ont disparu, je suis dans le chaos», a affirmé un marin. «C’est une prison flottante», ajoute un autre marinier.
Ces révélations ont eu un grand retentissement aux États-Unis.
L’USS Shiloh avait attiré l’attention des médias à l’été dernier après la disparition d’un matelot, Peter Mims. Après deux jours de recherches engageant des navires de sauvetage et des avions, le matelot avait été retrouvé dans une des cabines du croiseur. Cet incident, dont les causes n’ont jamais été révélées, a poussé les autres membres d’équipage à s’adresser aux journalistes pour exprimer leur préoccupation concernant la situation à bord du navire.
Les marins du croiseur se sont plaints des mauvaises conditions de service et de la faible capacité de combat de leur navire qui se trouvait alors sous le commandement du capitaine Adam Aycock.
Mais d’après le Navy Times, le scandale de l’USS Shiloh n’est qu’un signe de la crise générale qui a frappé la Septième flotte des États-Unis. Deux incidents importants ont eu lieu durant l’été 2017 à bord de navires relevant de l’United States Pacific Command (USPACOM). A la mi-juin, le destroyer USS Fitzgerald a percuté un porte-containers japonais, faisant 17 morts. Le 21 août, le destroyer USS John S.McCain est entré en collision avec un pétrolier dans le détroit de Singapour, faisant 10 morts.
Deux autres incidents avaient impliqués des navires de l’US Navy dans le Pacifique plus tôt dans l’année, sans faire de victimes: en janvier, l’USS Antietam s’était échoué près de sa base japonaise et, en mai, l’USS Lake Champlain était entré en collision avec un navire de pêche sud-coréen.
A l’automne, le contre-amiral Charles Williams et le commandant de l’USS Shiloh Adam Aycock ont été démis de leurs fonctions et l’amiral Scott Swift, chef de l’USPACOM, a démissionné. Mais selon des experts interrogés par le Navy Times, ces remaniements ont eu lieu trop tard.
«La Marine n’a pas tiré de leçons des cas précédents du « commandement toxique »», a déclaré un marin à la retraite, rappelant l’incident concernant la capitaine de vaisseau Holly Graf.
Cette première femme-commandant d’un croiseur lance-missiles américain (USS Cowpens) avait été limogée en 2010 pour «cruauté et mauvais traitements».