(le début)
Les violations des droits de l’homme de l’Ukraine
Il y a un certain nombre d’objections à un autre cycle d’expansion de l’OTAN. Comme je l’ai rapportéen février 2015 : « Le gouvernement [ukrainien] actuel a, selon des organisations qui ne peuvent guère être qualifiées de sympathisantes du Kremlin (Human Rights Watch, Amnesty International, l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), commis des crimes de guerre dans sa tentative de battre les séparatistes soutenus par la Russie dans le Donbass. […] La principale considération de l’OTAN ne devrait pas être de savoir si l’OTAN rendra l’Ukraine plus sûre, mais si l’Ukraine rendra l’OTAN plus sûre. La réponse est évidente. »
Il est vrai que le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a insisté, aussi récemment que ce mois-ci dans les médias nationaux russes, que l’OTAN n’envisageait pas l’adhésion de l’Ukraine, disant à Sputnik : « Il n’y a pas de plan d’action pour l’adhésion sur notre agenda ». Stoltenberg a également déclaré, comme il l’a fait lors d’un discours devant le parlement ukrainien en juillet, qu’il croit que l’Ukraine « a le droit de choisir ses propres arrangements de sécurité », notant ensuite que « le mois dernier, l’OTAN a accueilli le Monténégro comme 29e membre de notre Alliance. Cela montre que la porte de l’OTAN reste ouverte. »
Donc, le problème ne semble pas disparaître.
La pression de Porochenko pour rejoindre l’OTAN, qui se déroule dans le contexte de relations s’aggravant entre les États-Unis et la Russie, ignore, peut-être délibérément, l’une des principales causes du bourbier dans lequel se trouvent Kiev et Moscou. La crainte de Moscou, qui n’était pas infondée, était que l’Ukraine puisse rejoindre l’OTAN, ce qui a contribué à déclencher la crise ukrainienne début 2014.
Dans les semaines qui ont précédé l’annexion de la Crimée par la Russie (et juste un peu plus d’un mois avant le début des hostilités dans le Donbass), trois anciens présidents ukrainiens (Leonid Kravtchouk, Leonid Koutchma et Viktor Youchtchenko) ont appelé le régime post-Maïdan à renoncer à l’accord de Kharkiv de 2010 qui a permis à la Russie de baser sa flotte navale dans la mer Noire en Crimée (en échange d’un rabais sur le gaz naturel russe).
Il n’est peut-être pas déraisonnable que cette dernière action, en plus des protocoles de politique étrangère et de sécurité intégrés dans l’accord d’association avec l’Union européenne (signé en juin 2014 par Porochenko), conduise le gouvernement russe à soupçonner à tout le moins que l’OTAN pose les bases pour une absorption éventuelle de l’Ukraine dans l’alliance.
En effet, le lancement par Kiev de son « Opération antiterroriste » violente et aveugle contre le Donbass – avec pour effet d’intimider et d’aliéner des citoyens russophones par ailleurs loyaux dans l’est du pays – a certainement joué un rôle dans la décision du Kremlin de venir à l’aide des rebelles plus tard dans l’été 2014 et encore à Debaltseve au début de l’année suivante.
(à suivre)