Un mois avant la visite à Pékin du président américain Donald Trump en novembre, les autorités chinoises avaient fait à Washington une proposition qu’elles pensaient impossible à refuser.
Pékin souhaitait en effet que les dirigeants des deux pays présentent un plan d’élargissement d’accès des organisations étrangères au secteur financier chinois, expliquent les sources proches du dossier. Les anciens présidents américains cherchaient à y parvenir depuis des années mais, à la stupéfaction de Pékin, cette proposition n’a pas intéressé Washington. La Chine a réitéré sa proposition durant la visite de Donald Trump mais elle a dû annoncer l’initiative après son départ. Un porte-parole de la Maison blanche a qualifié la proposition de Pékin de démarche «saluable, mais trop tardive», notant que «ce n’est là que l’un des problèmes qui doivent être réglés par la Chine pour accorder un accès honnête à son marché». Selon le quotidien Vedomosti.
La réaction froide de la Maison blanche reflète les changements radicaux dans la politique des USA dans leurs relations avec la Chine. L’administration Trump ne souhaite pas faire de concessions commerciales pendant les réunions à haut niveau. Selon ses membres, une telle approche a permis à la Chine de poursuivre une politique désavantageuse pour les affaires américaines. Washington songe à décréter des sanctions commerciales ou des actions coercitives contre la Chine pour sérieusement influencer sa politique commerciale. «Dans l’ensemble, l’approche consiste maintenant à ne pas négocier des miettes et à ne pas se réjouir des accords mineurs qui apporteront peu de résultats», indique le responsable américain. «Les USA sont persuadés que seule la menace des actions unilatérales forcera la Chine à changer», analyse Scott Kennedy, directeur adjoint du Centre d’études stratégiques et internationales de Washington. De son côté, Pékin commence à prendre conscience du fait que les USA pourraient significativement durcir leur position.
L’administration Trump étudie plusieurs mesures contre la Chine, qui devraient être prises début 2018. En particulier, Washington songe à rétablir une loi qui n’a pas été utilisée depuis le début des années 1980 et permet de bloquer les importations d’acier et d’aluminium pour des raisons de sécurité nationale, ainsi qu’une autre loi inutilisée depuis 2002 pour protéger les producteurs contre les importations bon marché. Cela concerne avant tout les panneaux photovoltaïques et les machines à laver. De plus, le ministère américain du Commerce s’apprête à accuser la Chine de forcer les compagnies américaines à partager la propriété intellectuelle pour avoir le droit d’accéder au marché chinois.
Peu de temps avant le voyage de Donald Trump à Pékin, le ministère américain du Commerce avait préparé un rapport indiquant pourquoi la Chine devait être considérée comme une «économie non marchande»: cette catégorisation permettra d’instaurer des taxes élevées sur les importations chinoises en cas de dumping ou de subventions illégales. La Chine a déjà déposé une plainte à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) à ce sujet.Toutefois, jusqu’à présent la Maison blanche accordait la priorité à la réforme fiscale aux USA et aux tentatives de s’entendre avec la Chine sur une coopération dans le règlement de la crise autour de la Corée du Nord. «Le président Trump a promis de défendre la classe ouvrière américaine, et l’heure est venue de tenir sa promesse», stipule la pétition d’Alliance for American Manufacturing. Mais le ministre du Commerce Wilbur Ross a déclaré la semaine dernière que «le président avait laissé entendre qu’il ne voulait pas y recourir avant de régler la question de la réforme fiscale».