L’oligarque Souleïman Kerimov – otage de la crise diplomatique franco-russe (suite)

(le début)

La justice soupçonne le Russe, réputé proche de Poutine, d’être le véritable propriétaire de villas d’Antibes, pour un préjudice fiscal en dizaines de millions d’euros.

Un habile investisseur

Kerimov n’en est pas à ses premiers ennuis avec une justice étrangère. En 2013, la Biélorussie avait lancé des poursuites contre lui, alors qu’il se trouvait être le principal actionnaire d’Uralkali, leader mondial de la potasse. La vente de 21% des parts détenues par Kerimov à un autre oligarque russe proche du Kremlin, Mikhaïl Prokhorov, accompagné par un changement de stratégie, permet alors de calmer le jeu entre Moscou et Minsk, dont l’économie dépend beaucoup de la potasse.

La fortune de Kerimov est estimée par Forbes à 6,7 milliards de dollars (5,65 milliards d’euros). Un montant lié aux parts officiellement détenues par son fils dans un des plus gros producteurs d’or au monde, Polyus Gold. Prokhorov – encore lui – y avait auparavant des parts. C’est en reprenant des entreprises en difficulté, dans les secteurs bancaires, miniers et pétroliers, dès le début des années 90, que Souleïman Kerimov bâtit une colossale fortune. Habile investisseur, comme le racontait le Financial Times en 2012, il rebondit après d’énormes pertes de la crise financière de 2008.

La politique, qui permet de bénéficier d’une immunité judiciaire et diplomatique, est l’autre pan des activités de Kerimov. Avant de devenir sénateur, il siège à la Douma de 1999 à 2007, en tant que représentant du Daghestan, petite république russe entre la Tchétchénie et la mer Caspienne dont il est originaire. Il en achète le club phare de football, en 2010, l’Anji Makhatchkala, avec l’objectif dans faire le champion de Russie et un poids-lourd de Ligue des Champions.

Son chéquier sans limite lui permet alors de recruter Roberto Carlos, Samuel Eto’o (pour 27 millions d’euros), Lassana Diarra (5 millions d’euros) et le Brésilien Willian. Il revend ce dernier à Chelsea à l’été 2013 pour 35 millions d’euros, son montant d’achat quelques mois plus tôt, alors qu’il réduit la voilure de ses investissements sportifs. La dégringolade est tout autant sportive que financière pour le club, qu’il revend en 2016.

(à terminer)