En visite aux Restos du cœur, le chef de l’État a clarifié sa position sur l’immigration en reprenant une phrase célèbre attribuée à Michel Rocard. La gauche monte au créneau.
«J’ai pas de solution pour te changer la vie / Mais si je peux t’aider quelques heures, allons-y / Y a bien d’autres misères, trop pour un inventaire / Mais ça se passe ici, ici et aujourd’hui»… Loin de la bien connue Chanson des Restos des Enfoirés, c’est un tout autre refrain qui a animé l’inauguration de la campagne hivernale des Restos du cœur.
Mardi, Emmanuel Macron s’est rendu au centre de la Grange-aux-Belles, dans le 10e arrondissement de Paris, à l’occasion de l’ouverture de cette 33e campagne. Après sa visite, le chef de l’État a discuté avec des personnes qui l’attendaient devant le centre. Il a notamment eu un échange remarqué avec une femme ne parvenant pas à obtenir de papiers, notamment filmé par franceinfo.
«Si vous n’êtes pas en danger et cetera, il faut retourner dans votre pays. Je ne peux pas donner des papiers à tous les gens qui n’ont en pas. Sinon comment je fais après? On prend notre part mais on ne peut pas prendre toute la misère du monde, comme disait Michel Rocard», a lancé Emmanuel Macron en citant une des phrases les plus célèbres – et les plus polémiques – de l’ancien premier ministre socialiste.
Le président a ensuite développé son propos, expliquant que la France protégeait «tous les gens qui relèvent de l’asile, qui ne sont pas en sécurité chez eux», mais que le pays ne pouvait pas «accueillir tous les gens qui viennent sur des visas de commerce ou d’étudiant et qui restent après». «Comment je fais après avec ceux qui sont déjà là et qui n’arrivent pas à avoir de travail? Si vous n’êtes pas en danger, il faut retourner dans votre pays. Au Maroc, vous n’êtes pas en danger», a-t-il martelé.
Les propos du chef de l’État n’ont pas manqué de susciter une nouvelle polémique. «Il fait du mauvais Sarkozy, le président Macron. Avec ce type de propos très durs, très froids, quasi cliniques, il est dans ce registre de président des riches. C’est quelqu’un qui n’arrivera pas à se mettre au niveau de tous les Français», a estimé le député Nouvelle Gauche Luc Carnouvas sur RTL. «Lorsque les migrants se présentent à nos portes, nous ne pouvons pas nous comporter autrement qu’en êtres humains et les accueillir!», a de son côté insisté Adrien Quatennens, député France insoumise du Nord.
Sur la même station, Aurélie Filippetti a regretté un «mauvais symbole pour l’ouverture de la campagne des Restos du cœur». «Il a toujours un double discours. À la fois, dans les instances européennes, il dit qu’il faut accueillir plus de réfugiés, et en même temps quand il se trouve face à une dame qui est aux Restos du cœur, qui est dans la misère et qui a des difficultés à avoir des papiers alors qu’elle souhaite vraiment les obtenir, il est dans la fermeture et le manque d’empathie», a attaqué l’ancienne ministre de la Culture.