Des milliers de Polonais ont manifesté vendredi soir dans une centaine de villes, selon les organisateurs, contre les réformes du système judiciaire promues par les conservateurs nationalistes au pouvoir, et qui selon les manifestants risquent de miner l’Etat de droit en Pologne.
Le Parlement débat à nouveau à partir de cette semaine des projets de lois sur la Cour suprême et sur le Conseil national de la magistrature, projets qui avaient provoqué en juillet des manifestations géantes dans tout le pays et des protestations de la Commission européenne et du département d’Etat américain.
Les deux projets avaient finalement été bloqués par le président Andrzej Duda, qui y a opposé son veto en juillet, une décision qui a choqué le parti Droit et Justice (PiS) au pouvoir, dont il est proche. Le président a entériné cependant une troisième loi sur le régime général des tribunaux.
M. Duda avait alors expliqué qu’il refusait de donner un rôle trop important au Procureur général, qui en Pologne cumule cette fonction avec celle de ministre de la Justice.
Cette semaine, les deux projets de loi ont été renvoyés en commission où des amendements proposés par le président en accord avec le leader du PiS Jaroslaw Kaczynski doivent être prochainement discutés. Ces amendements restent pour l’instant secrets.
Le PiS, majoritaire à la chambre basse et au sénat, défend ses réformes, indispensables à ses yeux pour rationaliser le système judiciaire et combattre la corruption de la « caste » des juges.
Un nouveau texte qui modifie la loi électorale actuelle a également été présenté cette semaine par le PiS. Selon l’opposition, il n’est pas conforme à la Constitution et pourrait mener à des irrégularités lors des prochains scrutins. Selon le PiS, il permettra d’éviter des fraudes électorales.
A Varsovie, quelques milliers de manifestants se sont réunis devant le Palais présidentiel dans le centre ville avec le mot d’ordre « Tribunaux libre, élections libres, la Pologne libre », des drapeaux polonais blanc et rouge et des exemplaires de la Constitution.
« Ces lois mettent définitivement fin au régime démocratique de l’Etat polonais. Elles nous déplacent, d’un Etat démocratique vers une dictature où le pouvoir sera concentré à un seul endroit et où il n’y aura plus de séparation des pouvoirs », a déclaré à l’AFP Michal Wawrykiewicz, de l’Initiative Les Tribunaux Libres », un des organisateurs de la manifestation.