Ayant quitté son village catholique pour se battre pour l’indépendance du Bangladesh, Bidhan Kamol Rosario s’interroge désormais sur son avenir dans ce pays où la montée de l’extrémisme islamiste instille la peur au sein des minorités religieuses.
La petite communauté catholique du Bangladesh attend avec impatience la visite du pape François dans ce pays pauvre d’Asie du Sud, la première en plus de 30 ans, du 30 novembre au 2 décembre.
Ce déplacement intervient à un moment où, à en croire les fidèles, il n’a jamais été aussi difficile d’être chrétien dans cette nation à majorité musulmane. Depuis une dizaine d’années, le Bangladesh glisse vers un islam rigoriste.
« Au cours de la Guerre de Libération, nous voulions un Bangladesh magnifique qui intégrait les gens de toutes les races, croyances et religions », se souvient M. Rosario, 65 ans, en référence au conflit de 1971 qui a abouti à l’indépendance de l’ex-Pakistan oriental.
« Je n’ai jamais voulu d’avantages ou de faveurs pour moi-même, seulement une égalité des droits pour tous », continue-t-il. « Mais maintenant j’ai le sentiment qu’il n’y a pas d’égalité pour nous. »
D’après les responsables catholiques locaux, nombre de leurs paroissiens ont choisi de quitter le Bangladesh ces dernières années face à la récente vague d’attaques jihadistes, qui touche aussi d’autres minorités comme les hindous.
L’année dernière, deux convertis ont été assassinés. Un épicier catholique a aussi été brutalement tué à l’arme blanche.
Les chrétiens représentent moins de 0,5 % des 160 millions d’habitants du Bangladesh et ont vécu pendant des siècles en harmonie avec la majorité musulmane.
Ils ont joué un rôle important dans l’histoire du pays. Aujourd’hui encore, leurs écoles et hôpitaux apportent un soutien vital aux pauvres.
M. Rosario fait partie de la petite communauté catholique qui descend de marchands portugais installés au XVIIe siècle à Nagori, un ensemble de villages à proximité de la capitale Dacca.
La zone est un foyer du catholicisme et héberge un modeste sanctuaire où des dizaines de milliers de personnes se rendent chaque février pour célébrer Saint Antoine de Padoue.