Avec la dégradation de la situation et la progression des insurgés en Afghanistan, les interprètes ayant travaillé pour l’armée française subissent pressions intenables et menaces répétées: « Nous sommes en danger », jurent-ils.
Un Afghan de 28 ans ayant travaillé pour l’armée française
Mercredi dernier, Zainullah a été blessé dans une attaque à la moto-suicide devant chez lui, à 36 km au nord de Kaboul, alors qu’il discutait avec une patrouille de l’Otan.
Un des soldats, un Georgien, a été tué sur le coup, plusieurs autres blessés : pour le jeune homme de 28 ans, le tueur voulait faire d’une pierre deux coups en le visant avec les Occidentaux.
« Il n’y avait aucun taliban par ici avant. Aujourd’hui, ils sont dans le village voisin de Qallah Nossra », à cinq minutes de trajet. Le climat s’est fortement dégradé en Afghanistan, dont les talibans contrôlent plus de 40% du territoire.
« Nous ne pouvons pas te protéger. Nous n’avons pas assez d’hommes et tu n’es pas un VIP », lui a répondu le policier, navré.
« On n’est pas assez important » remarque Bachir, autre laissé pour compte des troupes françaises parties, pour les dernières, en 2014.
Il sont 152 ex-interprètes ou auxiliaires afghans dont la demande de relocalisation a été rejetée par la France, selon leur avocate jointe à Paris, Caroline Decroix. Cent autres ont vu la leur acceptée. Ils vivent désormais dans l’Hexagone avec leurs familles, soit 371 personnes au total.
Parmi les recalés, « beaucoup sont partis clandestinement » vers la Turquie, l’Europe ou les pays voisins, affirme « Bachir », qui dit avoir changé de nom. Lui a servi l’armée française de 2009 à 2013, à Kaboul et en Kapisa, une province instable au nord de la capitale, anciennement sous protection française. « Les menaces sont très réelles », insiste-t-il.