« Affaire russe » : deux dossiers qui pèsent sur Donald Trump

L’inculpation de Michael Flynn est un coup de fouet pour l’ enquête du procureur spécial Robert Mueller qui tente de déterminer s’il y a eu collusion entre les proches de Donald Trump et la Russie pour influencer le résultat de l’élection présidentielle américaine, et si le président a fait obstruction à la justice.

Les enquêteurs n’ont pour l’instant dévoilé aucune preuve à ces accusations, alors que la Russie dément régulièrement toute ingérence dans la campagne présidentielle.

Collusion avec la Russie

Donald Trump a régulièrement démenti les accusions de « collusion » avec la Russie, dénonçant une « chasse aux sorcières », malgré un rapport de plusieurs agences de renseignements publié en janvier concluant que le Kremlin avait bien tenté de favoriser la victoire du candidat républicain.

Le général Michael Flynn, conseiller du candidat devenu conseiller à la sécurité nationale du président républicain avant de démissionner, est la première prise de choix du procureur Mueller, nommé en mai après le limogeage du patron du FBI James Comey.

Vendredi, il a plaidé coupable d’avoir menti au FBI sur ses conversations avec l’ambassadeur de Russie aux Etats-Unis, Sergueï Kisliak. M. Flynn a aussi confirmé avoir ponctuellement agi sur les instructions d’un « très haut responsable » de l’équipe de transition qui serait, selon les médias américains, Jared Kushner, gendre et proche conseiller de Donald Trump.

Il a accepté de coopérer avec la justice et pourrait avoir d’autres informations sensibles à fournir aux enquêteurs. L’acte d’accusation stipule en effet que les faits reconnus par M. Flynn lord de son inculpation « ne constituent pas tous les faits connus des parties concernant les charges ». Mais ces faits ont eu lieu après la victoire de Donald Trump. Ils ne confortent pas la thèse d’une concertation avec Moscou, alors que les contacts entre les équipes de transition et les dirigeants étrangers sont légaux.

George Papadopoulos, un obscur conseiller diplomatique du candidat Trump, a aussi plaidé coupable d’avoir menti au FBI sur ses contacts avec des intermédiaires russes, même si certains apparaissent peu fiables. La Maison Blanche a minimisé son rôle et M. Trump l’a qualifié de « jeune volontaire de bas niveau » qui s’est révélé être « un menteur ». L’enquête n’a pas pu déterminer qu’il agissait sur ordre des responsables de la campagne, qui l’avaient encouragé à cultiver ses contacts tout en excluant une rencontre de haut niveau. Lui aussi collabore avec la justice, et pourrait fournir d’autres informations aux services du procureur.

Les enquêteurs s’intéressent également à une rencontre en juin 2016 entre le fils aîné du président, Donald Trump Jr., Natalia Veselnitskaya et Jared Kushner, présentée comme « avocate du gouvernement russe » et capable de fournir des renseignements compromettants sur Hillary Clinton. Mais cette réunion, qui pourrait s’assimiler à une tentative de collusion, n’a finalement rien donné, selon Trump Jr.

Obstruction à la justice

Donald Trump aurait-il limogé en mai le directeur du FBI James Comey après lui avoir personnellement demandé, sans succès, d’enterrer l’enquête visant Michael Flynn alors qu’il savait que son conseiller à la sécurité nationale avait menti aux enquêteurs ? Il a renforcé ces soupçons en commentant l’inculpation du général Flynn dans un message publié samedi sur le compte officiel du président:

« J’ai dû limoger le général Flynn parce qu’il a menti au vice-président et au FBI. Il a plaidé coupable de ces mensonges. C’est triste parce que ses actions pendant la transition étaient légales. Il n’y avait rien à cacher! ». L’avocat personnel de Donald Trump, John Dowd, a ensuite tenté de dédouaner le président en assurant que c’est lui qui avait rédigé ce message. Le président a surenchéri sur Twitter: « Je n’ai jamais demandé à Comey d’abandonner l’enquête sur Flynn. Encore de fausses informations couvrant un autre mensonge de Comey ».

Selon M. Dowd, le président américain ne peut être déclaré coupable d’entrave à la justice « car il dirige l’application de loi (selon la Constitution) et a le droit d’exprimer son point de vue dans n’importe quelle affaire ». Pourtant, les anciens présidents Bill Clinton et Richard Nixon ont fait face à cette accusation dans le cadre d’une procédure de destitution.