L’extrême droite autrichienne va détenir les Affaires étrangères, l’Intérieur et la Défense dans le prochain gouvernement, ont annoncé le futur chancelier conservateur Sebastian Kurz et le dirigeant du parti d’extrême droite FPÖ, Heinz-Christian Strache, samedi 16 décembre.
Leurs deux formations s’étaient entendues la veille sur un accord de gouvernement, auquel les délégations travaillaient depuis les législatives de la mi-octobre.
Herbert Kickl est ainsi nommé à l’Intérieur, Mario Kunasek à la Défense, et l’experte en droit international Karin Kneissl, même si elle n’a pas la carte du parti, sera ministre des Affaires étrangères sous l’étiquette FPÖ. Le parti conservateur ÖVP obtient, lui les portefeuilles des Finances, de la Justice et de l’Agriculture.
« Si tout se passe comme nous le pensons, rien ne s’oppose à l’investiture du futur gouvernement au début de la semaine prochaine », avait indiqué dans la matinée le président, Alexander Van der Bellen, qui a le pouvoir de nommer ou de dissoudre les gouvernements et qui a reçu les deux chefs de parti.
Heinz-Christian Strache assumera pour sa part les fonctions de vice-chancelier et sera également chargé de la Fonction publique et des Sports.
Son Parti de la liberté (FPÖ) retrouve les cabinets ministériels de Vienne pour la première fois depuis le gouvernement de Wolfgang Schüssel entre 2000 et 2005, époque où le FPÖ était dirigé par Jörg Haider. Le FPÖ n’avait jusqu’à présent jamais obtenu les portefeuilles de l’Intérieur et des Affaires étrangères.
L’ÖVP a remporté les élections législatives du 15 octobre avec 31,5 % des voix, après une campagne centrée sur la lutte contre l’immigration. Le FPÖ est arrivé troisième, avec 26 % des suffrages, juste derrière les sociaux-démocrates du chancelier sortant Christian Kern (27 %).
Pas de référendum sur l’Europe
Pour rassurer l’opinion, le FPÖ a notoirement adouci son discours anti-Union européenne (UE). Le pacte de gouvernement conclu avec l’ÖVP « exclut » l’organisation d’un référendum sur une éventuelle sortie de l’UE a reconnu, samedi, « HC » Strache. Kurz et lui sont en revanche d’accord pour s’opposer à une plus grande intégration européenne, notamment sur les questions sociales.
Lors de l’entrée du FPÖ de Jörg Haider au gouvernement en 2000, les autres pays membres de l’UE, au nombre de 14 à l’époque, avaient imposé à Vienne des sanctions diplomatiques, de portée essentiellement symbolique. Un scénario peu susceptible de se reproduire aujourd’hui, alors que les partis anti-immigration ou antisystème ont renforcé leur position sur tout le continent.
Six manifestations contre l’arrivée de l’extrême droite au gouvernement sont déjà prévues à Vienne, selon le correspondant de France 24 dans la capitale autrichienne, Vianey Lorin.