La réforme fiscale actuellement en discussion au Congrès américain menace de « faire exploser » le système de protection sociale pour les plus pauvres, a affirmé vendredi à Washington un expert de l’ONU.
Philip Alston, rapporteur spécial des Nations Unies sur l’extrême pauvreté et les droits de l’homme, s’exprimait à l’issue d’une visite de deux semaines aux Etats-Unis et à Porto Rico où il a étudié « comment l’extrême pauvreté affecte le respect des droits de l’homme« .
Le vaste projet de réforme de la fiscalité et de baisse des impôts, initié par le président Donald Trump, « représenterait l’augmentation la plus forte dans les inégalités qu’on puisse imaginer » s’il était voté, a affirmé M. Alston lors d’un point-presse.
Pour financer une partie de cette réforme, le gouvernement de la première puissance économique mondiale « s’est concentré sur des économies d’envergure et sur la suppression de nombreux programmes » sociaux qui « vont faire exploser » le filet de sécurité de la protection sociale, a mis en garde le diplomate australien.
« Le projet de réforme est d’abord une tentative de faire des Etats-Unis les champions du monde des inégalités extrêmes« , a souligné le rapporteur onusien.
Le revenu de la classe moyenne américaine a augmenté en 2016 pour la seconde année consécutive, selon les statistiques du Bureau de recensement, mais les Etats-Unis comptent 40,6 millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté, soit 12,7% de la population. Le taux de pauvreté chez les Blancs non-hispaniques était de 8,8%, tandis qu’il était de 22% chez les Noirs et de 18,4% chez les Hispaniques.
Une étude avait déterminé que 1,65 million de foyers américains vivaient en 2011 avec moins de deux dollars par jour et par personne, le seuil d' »extrême pauvreté » calculé par la Banque mondiale.
M. Alston a dénoncé la « dimension raciale » de la pauvreté, avec l’image « d’une famille noire et feignante qui roule sur l’or« . Mais on trouve aussi « des Blancs vivant dans une pauvreté extrême dans le pays » et « les coupes dans le système social sont pour tout le monde« , a-t-il affirmé.
Il a également critiqué les obstacles administratifs qui empêchent les plus pauvres de « faire respecter leur droits civiques et politiques« .
M. Alston doit présenter son rapport final au Conseil des droits de l’homme de l’ONU en juin 2018 à Genève.