Pour nombre de Croates, Franjo Tudjman reste le « père de la nation », le héros de l’indépendance, mais pour la justice internationale, il est désormais le complice d’une entreprise d’épuration ethnique durant la guerre de Bosnie.
En 2016, quand il a fallu baptiser le nouvel aéroport de Zagreb, « Franjo Tudjman » tombait sous le sens. Et 18 ans après la mort de celui qui fut le premier président de la Croatie indépendante, son parti, le HDZ (droite conservatrice), est aux affaires.
Mais fin novembre, en condamnant dans son ultime verdict six anciens chefs des Croates de Bosnie, le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY), les a désignés comme coupables d’une entreprise criminelle commune à laquelle était associé Franjo Tudjman.
Une entreprise dont « l’objectif ultime » était l’épuration ethnique aux dépens des Bosniaques en 1993 et 1994.
Pour beaucoup de Croates, attaquer Franjo Tudjman, c’est attaquer le pays. Ils ont été « à juste titre scandalisé » par ce verdict du TPIY, a commenté au lendemain de la décision le quotidien Novi List. Cette décision « met en doute ce que nous pensons de nous-mêmes ».
La commémoration le dimanche 10 décembre de la mort de Tudjman s’est déroulée comme chaque année, les plus hauts responsables venant déposer des gerbes de fleurs aux couleurs nationales sur sa tombe de marbre noir à Zagreb.