Le nouveau chancelier autrichien, le conservateur Sebastian Kurz, est attendu ce mardi à Bruxelles pour son premier déplacement à l’étranger depuis son investiture, dans le but de rassurer ses partenaires après le retour de l’extrême droite au gouvernement.
Le Parti de la liberté (FPÖ, extrême droite), qui a obtenu 26 % des suffrages aux élections législatives du 15 octobre, a obtenu six ministères au sein du nouveau gouvernement autrichien annoncé ce week-end, dont trois régaliens : les Affaires étrangères, l’Intérieur et la défense. Le Parti populaire de Sebastian Kurz, l’ÖVP, arrivé en tête avec 31,5 % des voix, en a huit.
Gouvernement « clairement pro-européen »
Répondant à une lettre datée de lundi dans laquelle le président du Conseil européen Donald Tusk souligne les préoccupations de l’UE, Sebastian Kurz, 31 ans, a répondu sur Twitter que son gouvernement serait « clairement pro-européen et déterminé à avoir une contribution positive au développement futur de l’UE ». Le jeune chancelier âgé de 31 ans transmettra en personne ce message ce mardi dans la soirée à Donald Tusk et au président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker.
Le FPÖ a pris ses distances avec son passé pro-nazi et antisémite, tandis que la tendance politique en Europe penche plutôt à droite avec l’augmentation de l’immigration clandestine et des attentats. Ce qui fait que la réaction au retour du FPÖ au pouvoir a été bien moins forte qu’en 2000, quand le Parti de la liberté est entré pour la première fois au gouvernement. Des pays européens avaient alors imposé des sanctions à l’Autriche pour dénoncer la présence de l’extrême droite au sein de l’exécutif. Cette année, il n’y a pas eu d’initiative de ce genre.
Lundi, le porte-parole de Jean-Claude Juncker, n’a pas voulu dire ce qu’allait faire la Commission européenne mardi soir. Il a toutefois souligné que d’avoir inscrit Bruxelles comme premier déplacement à l’étranger sur l’agenda de Sebastian Kurz était un geste bienvenu. Le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Pierre Moscovici, a pour sa part prôné la vigilance.
« Vigilance des démocrates »
« La coalition désormais au pouvoir en Autriche doit susciter la vigilance des démocrates attachés aux valeurs européennes. La situation est sans doute différente par rapport au précédent de l’an 2000. Mais la présence de l’extrême droite au pouvoir n’est jamais anodine! », a-t-il écrit sur Twitter.
Dans sa lettre de félicitations à Sebastian Kurz, Donald Tusk ne cache pas ses préoccupations sur la nouvelle coalition en Autriche : « J’espère que le gouvernement autrichien continuera à jouer un rôle constructif et pro-européen dans l’Union européenne », écrit Donald Tusk en soulignant que l’Autriche prendra pour six mois en juillet prochain la présidence tournante de l’UE.
La visite du chancelier autrichien à Bruxelles intervient à la veille d’une réunion importante de la Commission européenne. L’exécutif européen devrait lancer mercredi une procédure contre la Pologne qui pourrait déboucher sur une suppression de ses droits de vote dans l’Union européenne. Cette procédure est le résultat des inquiétudes suscitées à Bruxelles par les changements décidés par le parti au pouvoir en Pologne, Droit et justice (PiS), dans l’organisation judiciaire du pays, modifications susceptibles de remettre en question l’indépendance du système judiciaire.