Pour la première fois, un Belge est jugé pour crimes commis en Syrie

La cour d’appel d’Anvers se prononce jeudi sur le dossier d’Hakim Elouassaki, jugé pour assassinat. Une première, annonce La libre (Belgique)

« Devine ! Aujourd’hui, j’ai tué quelqu’un. » Lorsque, le 14 janvier 2013, Hakim Elouassaki fait cette confidence à sa petite amie restée à Vilvorde, il ne sait pas que son téléphone est sur écoute. Il ignore sans doute aussi qu’il quittera un jour la Syrie, où, comme d’autres membres de Sharia4Belgium, il a rejoint des groupes djihadistes.

Et il explique encore que l’homme qu’il a abattu à la kalachnikov l’a été car son frère n’avait pu verser que 30 000 euros alors que le montant de la rançon avait été fixé à 70 000 euros. Dans une autre conversation, également interceptée, Hakim Elouassaki raconte qu’un Arménien chrétien a été libéré après que sa famille eut versé 30 000 euros.

Ce jeudi, la cour d’appel se prononce sur la peine à lui infliger. Ce sera là une première. En effet jamais encore de Belges n’avaient été poursuivis pour des crimes commis en Syrie. Ils étaient simplement poursuivis pour participation aux activités d’un groupe terroriste. Il est ici question, dans le dossier, d’assassinat, commis dans un cadre terroriste.

La peine pourrait être extrêmement lourde. Le procureur fédéral a requis en octobre 30 ans de réclusion, assortis de 15 ans de mise à disposition du gouvernement. En première instance, devant le tribunal correctionnel d’Anvers, Elouassaki avait écopé de 28 ans de prison et 10 ans de mise à disposition du gouvernement.

Rentré en Belgique suite à de graves blessures

Hakim Elouassaki est seul à être poursuivi devant la cour d’appel. En première instance, cinq autres membres de Sharia4Belgium, condamnés comme lui dans le procès Sharia4Belgium à l’hiver 2014-2015, étaient aussi jugés. Mais le dossier à charge de ces cinq jeunes de Vilvorde et d’Anvers, qui seraient toujours en Syrie ou qui y seraient morts, avait été jugé trop léger par le tribunal. Les charges, pour une décapitation, reposaient sur les accusations d’un seul homme.

La vidéo de décapitation avait causé une grande émotion en Belgique quand les télévisions flamandes en eurent diffusé des extraits en juin 2013. C’était la première fois qu’un tel document dépassait le cadre des réseaux sociaux.

Si Hakim Elouassaki est rentré en Belgique, c’est en raison de graves blessures. Il a été atteint par des éclats de grenade à la tête.

Hakim Elouassaki avait d’abord reconnu l’assassinat d’un homme seulement identifié comme étant « un chiite » âgé d’une quarantaine d’années. Il était ensuite revenu sur ses aveux, pourtant très détaillés. La défense d’Elouassaki avait souligné que l’on ne pouvait le condamner car on ne connaissait pas le nom de la prétendue victime, ni où, ni quand elle avait été tuée.