La résistance fait peur au gouverment turc

Les journaux commentent la mise en liberté conditionnelle de la journaliste Mesale Tolu et ils reprochent à Angela Merkel son manque d’empathie après l’attentat qui a eu lieu, il y a un an, sur la Breitscheidplatz.

D’abord Peter Steudtner, maintenant Mesale Tolu. Les choses changeraient-elles en bien en Turquie ? se demande la tagezeitung, la taz. Le président Erdogan se détenderait-il, et avec lui, les relations germano-turques ? Non, tranche le journal, la situation des opposants ne s’améliore pas, c’est celle du régime qui se détériore.

Le gouvernement turc a parfaitement conscience de la résistance qu’on lui oppose, que ce soit en Turquie ou a l’extérieur, et il semble qu’il en ait peur, affirme la taz. Erdogan perd du terrain et c’est pour cette raison qu’il libère un prisonnier politique. C’est donc la résistance et non la supposée grâce du régime turc qui a permis cette libération.

Mesale Tolu comparaîtra de nouveau devant la justice en avril 2018

Pour la Süddeutsche Zeitung, cette libération est une raison de se réjouir. En revanche, ce n’est pas une raison pour applaudir la justice turque. Car on ne sait pas, explique le quotidien de Munich, si cette décision vient du tribunal ou du palais présidentiel. Et parce que Mesale Tolu n’a pas le droit de quitter la Turquie. Sans oublier les autres Allemands qui sont toujours en prison pour des raisons politiques.

La Frankfurter Allgemeine Zeitung conseille elle aussi de ne pas se laisser aveugler par cette décision de justice. Même si la Turquie libérait tous les Allemands, écrit le quotidien, on serait loin d’une normalisation des relations entre les deux pays. Parce que Erdogan transforme son pays en autocratie, parce qu’il a chassé la Bundeswehr d’une de ses bases militaires, parce qu’il monte les Turcs vivant en Allemagne contre l’Allemagne et parce qu’il critique systématiquement l’occident.

Le manque d’empathie du gouvernement allemand

Beaucoup de journaux reprochent à la chancelière son manque d’empathie suite à l’attentat perpétré l’an dernier sur la Breitscheidplatz à Berlin.

Les familles des victimes se sont senties bien seules, regrette la Neue Ruhr Zeitung. La chancelière a attendu un an avant de les rencontrer. C’est, si on veut le dire froidement, un manque de professionnalisme. Mais le terme « cruel » est sans doute bien plus adapté.

Angela Merkel, Frank-Walter Steinmeier et Wolfgang Schäuble avec les familles des victimes de l’attentat du 19 décembre 2016.

D’après le Darmstädter Echo, des meurtriers comme Anis Amri déshumanisent notre société. Les agences de sécurité doivent faire en sorte que cela n’arrive pas. Mais si un attentat est commis, il faut construire un filet pour amortir le choc. Un filet fait de proximité et d’empathie. Et là-dessus, Angela Merkel a lamentablement échoué, écrit le journal.

On nous a souvent répété, constate la Berliner Zeitung, que pour défier le terrorisme, il fallait continuer à vivre comme avant. Mais peut-être que dans ce cas précis, on peut prodiguer un meilleur conseil : compatissons avec ceux qui, justement, ne peuvent plus vivre comme avant.