Les chefs de la diplomatie britannique Boris Johnson et russe Sergueï Lavrov ont assuré vendredi, lors d’un face à face tendu, vouloir « aller de l’avant » malgré les multiples sujets de discorde persistant après des années de relations très dégradées.
Les chefs de la diplomatie britannique Boris Johnson et russe Sergueï Lavrov ont assuré vendredi, lors d’un face à face tendu, vouloir « aller de l’avant » malgré les multiples sujets de discorde persistant après des années de relations très dégradées.
La première visite d’un ministre britannique des Affaires étrangères en plus de cinq a abouti, à l’issue d’une entrevue limitée à environ une heure et demie, à une conférence de presse qui s’est rapidement transformée en joute verbale à propos des accusations d’ingérence visant Moscou.
Sergueï Lavrov a insisté sur l’absence de toute preuve d’un ingérence russe en faveur d’une sortie de l’Union européenne lors du référendum de juin 2016. M. Johnson a aussitôt corrigé en soulignant ne pas avoir de preuve d »‘ingérence réussie » et en relevant « de nombreuses preuves d’interférence russe dans les élections en Allemagne, Danemark, France, aux Etats-Unis ».
Les deux hommes ont néanmoins convenus que Moscou et Londres devaient tenter de surmonter les difficultés dues à des années de tensions, à commencer par la mort par empoisonnement de l’ex-agent russe Alexandre Litvinenko en 2006 à Londres, et plus récemment par le conflit syrien et la crise en Ukraine.
« Nous devons trouver un moyen d’aller de l’avant », a assuré Boris Johnson, se présentant en « russophile convaincu ».
« Nous sommes prêts à développer un dialogue sur un éventail de questions très large, sur un principe d’égalité », a déclaré M. Lavrov, insistant sur la coopération culturelle et économique entre les deux pays, malgré les sanctions.
« Il est malheureusement vrai que nos relations n’ont pas été bonnes dans les années 1990 et 2000, et qu’elles traversent actuellement une mauvaise passe. Mais il serait inutile de ne rien faire et de se plaindre. Nous devons nous parler » , a pour sa part souligné M. Johnson.
Les deux ministres ont notamment évoqué deux dossiers où leurs vues s’opposent fortement : l’Ukraine, où Londres accuse Moscou de soutenir les séparatistes pro-russes dans l’Est, et la Syrie, où la Russie se voit reprocher son soutien sans failles au régime de Damas.
« Nous ne pouvons ignorer les difficultés et prétendre qu’elles n’existent pas », a déclaré M. Johnson, se disant malgré tout prêt à « coopérer sur les problèmes qui ont de l’importance pour le monde ». « Je pense qu’il y a des choses que nous pouvons faire ensemble », notamment à propos de la question nord-coréenne, de l’accord nucléaire iranien et du règlement du conflit syrien.
M. Johnson a également salué la coopération avec la Russie en amont du Mondial-2018 de football, ainsi que les « signes de progrès économique », citant les ventes de Bentley ou de chips britanniques en Russie. Il a toutefois indiqué ne pas avoir parlé avec M. Lavrov du cas de l’ex-agent russe assassiné Alexandre Litvinenko, tandis que le chef de la diplomatie russe a qualifié l’affaire de « floue », regrettant l’absence de coopération entre les deux pays en matière de lutte antiterroriste.
La visite de Boris Johnson en Russie est la première d’un chef de la diplomatie britannique en cinq ans, signe de l’état catastrophique des rapports entre les deux capitales.
Londres avait déjà indiqué jeudi que M. Johnson allait faire passer le message à Moscou que « la relation avec la Russie ne peut être comme si de rien était », et lui intimera de « cesser ses activités déstabilisatrices », selon un communiqué du Foreign Office.
En novembre encore, la Première ministre britannique Theresa May avait dénoncé des actes « hostiles » de la Russie, citant la crise ukrainienne ou encore les campagnes de « cyber-espionnage » et l’« ingérence » lors de processus électoraux.
Une commission de la chambre des Communes britannique mène actuellement une enquête sur le rôle joué par une possible ingérence russe dans le vote sur le Brexit et lors des législatives de juin 2017 au Royaume-Uni.
Sollicités, Facebook et Twitter ont affirmé n’avoir trouvé qu’une quantité infime de publicités financées depuis la Russie sur le thème du Brexit, mais ces résultats ont été jugé « insuffisants » à Londres.