Déployée en 2006 pour lutter contre le trafic de drogue, hors de tout cadre juridique, l’armée devrait rester mobilisée au Mexique contre le crime organisé après le vote d’une loi le permettant.
L’ONU et plusieurs ONG s’alertent de cette militarisation institutionnalisée, sur fond de violences accrues du côté des cartels.
Le vide juridique et comblé, mais les inquiétudes demeurent. Le Mexique vient d’adopter une loi légalisant le recours à l’armée pour lutter contre le fléau du crime organisé. Cette mobilisation de la force militaire, effective depuis 2006, préoccupe une partie de la population du pays, mais aussi de la communauté internationale, ONU en tête, alors que plusieurs exactions récentes sont attribuées aux militaires.
Le texte de loi a été adopté vendredi par le Parlement mexicain, par 262 voix contre 25, après avoir été validé par les sénateurs un peu plus tôt. Il pérennise la présence de soldats dans les rues du pays et leur confère des pouvoirs étendus. Mais il doit encore être promulgué par le président Enrique Peña Nieto.
Cette loi est censée combler un vide juridique ouvert en 2006 par le président d’alors, Felipe Calderon. À l’époque, le chef de l’État avait décidé de déployer l’armée et de lui confier certaines tâches habituellement réservées à la police, afin de lutter contre le crime organisé. La mesure visait à compenser la corruption d’une partie de la police mexicaine, infiltrée par les mafias, souligne Le Monde .
Ce texte législatif soulève pourtant une forte opposition. Au Mexique d’abord, où de nombreuses critiques s’élèvent contre l’inefficacité, voire le caractère aggravant de cette situation depuis une dizaine d’années. Les chiffres officiels cités par l’AFP font état d’une vague de violence sans précédent dans le pays, avec 196.000 homicides et 30.000 disparitions depuis 2007. Impossible, néanmoins, de distinguer les morts et disparitions spécifiquement liées aux trafics. Ce recours à l’armée repousse par ailleurs la question du renforcement de la police et de la lutte contre la corruption au sein de ses effectifs, avec une réforme sur le sujet qui reste à l’arrêt.