Dans le nord de l’Irak, des chants de Noël ont résonné dans une église de Mossoul, ce dimanche 24 décembre. C’est la première messe chrétienne de cette ville, occupée par les jihadistes du groupe Etat islamique de 2014 à juillet 2017.
L’archevêque syriaque de Mossoul a concélébré cette Messe de Noël pas comme les autres.
Première messe de Noël à Mossoul depuis 2013. C’était à l’église Saint-Paul en présence des responsables religieux de différentes églises chrétiennes d’Orient. Parmi eux, monseigneur Yohanna Pétros Mouché, archevêque syriaque de Mossoul et de sa région.
Il a célébré cette messe dans une église qui a été pillée par les jihadistes du groupe Etat islamique lorsqu’il contrôlait la ville : « l’église, comme toujours, était vraiment dépouillée de tout », confie-t-il à RFI. « Mais, au moins, le toit existe, nous avons célébré la messe là-bas avec la présence de quelques figures de nos fidèles chrétiens, mais aussi avec la présence des musulmans qui eux-mêmes ont préparé l’église pour qu’elle soit vraiment disponible, pour faire une messe là-bas. »
« Les chrétiens reviennent et veulent reconstruire »
Très peu de chrétiens sont revenus vivre à Mossoul depuis sa libération en juillet dernier. Ce matin, dans l’église Saint-Paul, certains étaient venus de plus loin, spécialement pour cette messe de Noël. Pour l’archevêque, c’est une véritable victoire, « une grande joie et un signe d’espérance aussi parce qu’on voit le visage des chrétiens qui étaient là, ça rayonnait, ils étaient tellement contents ».
Ce dimanche soir, monseigneur Yohanna Pétros Mouché va célébrer une autre messe de Noël, cette fois à Qaraqosh, village majoritairement chrétien proche de Mossoul. Comme Mossoul, Qaraqosh a été occupée par le groupe Etat islamique ces dernières années, mais les familles reviennent, nous dit le dignitaire religieux : « aujourd’hui à Qaraqosh même, nous avons 5 248 familles qui sont déjà rentrées. »
« Oui, les chrétiens reviennent. Il y en a aussi beaucoup qui sont restés, ne les oublions pas. A Qaraqosh, on pense qu’il y a entre 20 et 25000 personnes qui sont revenues alors que la ville était totalement vide, complète Monseigneur Pascal Gollnisch, directeur de l’Oeuvre d’Orient, une organisation catholique qui vient en aide aux chrétiens de la région. « Ensuite, ils reconstruisent. » Et pas seulement des « ghettos pour les chrétiens », poursuit Mgr Gollnish qui cite le témoignage de Syriennes de 25 ans, à Alep, disant : « Je veux reconstruire Alep, je m’y suis accrochée pendant huit ans de guerre. Nous voulons reconstruire à Alep avec les musulmans. » « Il y a donc une perspective d’avenir très importante », se réjouit le prélat.
Retour à plus long terme pour les exilés lointains
Néanmoins, il y a encore « pas mal de familles, des milliers, qui sont encore dehors, qui sont en Jordanie, soit au Liban, Turquie ou bien qui sont déjà arrivées en Europe, Australie, Amérique et Canada », reprend monseigneur Yohanna Pétros Mouché.
Les réfugiés « qui sont encore dans la région pourront rentrer », explique Monseigneur Pascal Gollnisch, directeur de l’Oeuvre d’Orient, une organisation catholique qui vient en aide aux chrétiens de la région. « Pour ceux qui sont partis en Occident, le retour sera sans doute plus difficile. Il sera même peu envisageable dans le court terme. Nous espérons que ces pays se reprennent, se reconstruise, se développent, que les libertés progressent. Que la pleine citoyenneté pour tous progresse, que le rôle de la femme progresse, et pourquoi il n’y aurait pas un retour possible dans 15 ans, dans 20 ans, de ces populations. Mais ne nous y trompons pas. Un chrétien d’Irak c’est un Irakien, un chrétien de Syrie, c’est un Syrien, et quitter son pays, c’est une décision qu’on ne fait pas dans la joie, c’est très douloureux. Donc même ceux qui sont partis sont quand même très blessés d’avoir fait cette démarche. »
Les célébrations de Noël aujourd’hui et demain à Mossoul et dans sa région se déroulent sous protection de l’armée irakienne.