Des milliers de personnes se sont recueillies mardi autour du tombeau de l’ex-Première ministre pakitanaise Benazir Bhutto, dix ans jour pour jour après son assassinat, le 27 décembre 2007, dont les commanditaires n’ont pas été inquiétés par la justice.
Quelque 20.000 personnes se sont rendues à Garhi Khuda Baksh, le fief de la famille Buttho, situé à environ 450 km de la mégalopole de Karachi, ont montré des images télévisées.
« J’ai l’impression que nous sommes devenus des orphelins après qu’elle est tombée en martyre », a observé Allah Varayo, 45 ans, interrogé par téléphone par l’AFP alors qu’il se trouvait près du tombeau.
Autour de lui, la foule brandissait des drapeaux noirs, vert et rouge, les couleurs du Parti du peuple pakistanais (PPP), le parti des Bhutto, fondé par le grand-père de Benazir, Zulfikar Ali.
« Les gens sont plus enthousiastes, ils sont arrivés en plus grand nombre par rapport aux années précédentes », a estimé Ahsan Junejo, venu en voisin.
Mme Bhutto, deux fois élue Première ministre du Pakistan et première femme de l’ère contemporaine à avoir dirigé un pays musulman, a été assassinée dans un attentat-suicide à Rawalpindi le 27 décembre 2007.
Selon la version la plus communément acceptée, un assaillant lui a tiré dans le cou après un meeting avant de déclencher sa charge explosive à proximité de son convoi, tuant 24 autres personnes.
Le président d’alors, le général Pervez Musharraf, est soupçonné d’avoir pris part à une vaste conspiration afin de tuer sa rivale avant des élections.
« Assassin, assassin. Musharraf assassin », ont scandé la foule et Bilawal Bhutto, le fils de Benazir, juché sur un podium installé près du tombeau.
La justice pakistanaise, après l’avoir inculpé du meurtre de sa rivale en 2013, a déclaré « fugitif » Pervez Musharraf en août dernier. L’ex-président, qui vit désormais à Dubai, a aussi vu ses biens confisqués.
M. Musharraf dément avoir joué un rôle dans les évènements ayant entraîné l’attentat qui avait semé le chaos des mois durant dans le pays.
Après l’assassinat, son régime avait aussitôt accusé le chef des talibans pakistanais à l’époque, Baitullah Mehsud. Ce dernier, qui avait démenti toute implication, a été tué par un drone américain en 2009.
En 2010, l’ONU a accusé dans un rapport le gouvernement de Musharraf de ne pas avoir fourni une protection adaptée à Mme Bhutto, soulignant que sa mort aurait pu être évitée.
A ce jour, seuls deux personnes ont été condamnées par la justice dans cette affaire, deux policiers qui ont écopé chacun de 17 ans de prison pour « leur mauvaise gestion de la scène du crime », lavée au karcher deux heures après les faits et où très peu d’indices avaient été retrouvés.