On croyait ce conflit plus ou moins sous contrôle à défaut d’avoir été résolu, or voici que les accrochages ont repris de plus belle en Ukraine entre les troupes fidèles au gouvernement de Kiev et les sécessionnistes du Donbass soutenus par Moscou.
Absolument. Pas la moindre trêve de Noël en vue sur les lignes de front, bien au contraire. Il n’y a jamais eu autant de violations de l’accord de cessez-le-feu depuis sa signature en septembre 2014, il y a donc un peu plus de trois ans. Pas moins de 16.000 incidents ont été recensés par les observateurs de l’OSCE, l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, sur les deux dernières semaines. Alors certes, ce ne sont pas des offensives d’envergure avec de nouvelles prises de territoire. On est plutôt sur du harcèlement, quelques coups de mortiers ou des tirs de snipers, parfois le bombardement d’un village occupé par des miliciens. Ce n’est donc pas encore l’embrasement, mais c’est très inquiétant car on note tout de même une augmentation du nombre d’incidents de l’ordre de 35 %, ce qui indique une forte volonté d’en découdre de la part des deux parties au conflit.
Et cette fois-ci, les Etats-Unis semblent avoir clairement choisi leur camp puisque Donald Trump a décidé, vendredi, de fournir des armes au gouvernement ukrainien…
Oui, c’est effectivement un engagement extrêmement fort puisque les Etats-Unis vont livrer à l’armée ukrainienne des missiles antichars de toute nouvelle génération. Ce qui avait déjà été envisagé sous la présidence de Barack Obama mais qui avait finalement été abandonné, parce qu’alors Washington craignait qu’une telle escalade fasse capoter les négociations de paix initiées par la France et l’Allemagne avec la Russie, qui ont abouti justement aux accords de 2014. Seulement, depuis, on n’a pas vu beaucoup de progrès. Les Russes ont bien annexé la Crimée et ils soutiennent toujours en sous-main les séparatistes du Donbass à qui ils livrent discrètement un nombre d’armes considérable. Situation jugée inadmissible par la nouvelle administration américaine qui a décidé de donner un sérieux coup de pouce militaire aux forces légitimistes pour contrebalancer le soutien de la Russie aux milices séparatistes.
Ce que n’ont pas l’air d’apprécier ni Emmanuel Macron, ni Angela Merkel…
Effectivement. La France et l’Allemagne ont réaffirmé, en commun, samedi, que la seule solution pour sortir du conflit était de faire appliquer les accords de 2015 négociés avec la Russie, estimant que ce nouvel engagement américain faisait courir un véritable risque d’escalade. Le problème c’est que prôner la patience et rappeler des principes malgré tout assez généraux, cela n’a pas permis, à ce jour, de sortir d’une situation imposée par la force et qui parait complètement bloquée.