Un dignitaire catholique accuse Trump de gâter l’esprit de Noël à Jérusalem

Le plus haut dignitaire catholique à Jérusalem a reproché à Donald Trump d’avoir porté atteinte à l’esprit de Noël en reconnaissant la ville comme capitale d’Israël, et d’avoir conduit des centaines de chrétiens à annuler leur visite.

L’archevêque Pierbattista Pizzaballa, administrateur apostolique du Patriarcat latin, a aussi déclaré que les églises chrétiennes traditionnelles trouveraient problématique une éventuelle demande officielle de la part du vice-président américain Mike Pence de visiter les lieux saints de Jérusalem lors de sa venue prévue en janvier.

Il a conseillé à M. Pence « d’écouter davantage » les autres communautés que les évangélistes chrétiens dont il fait partie et qui passent pour avoir fortement influencé la décision du président américain.

L’annonce le 6 décembre par M. Trump de sa décision de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël, « a créé des tensions autour de Jérusalem et détourné l’attention de Noël », à un moment de l’année où de nombreux pèlerins se rendent traditionnellement dans la ville Sainte, a dit Mgr Pizzaballa devant la presse.

Elle a aussi causé des crispations à Bethléem, autre haut lieu de la chrétienté en Cisjordanie occupée, « cela a fait peur a beaucoup de gens, et nous avons eu moins de monde que prévu », a-t-il dit.

L’archevêque a parlé de « dizaines d’annulations » de voyages de groupes, représentant des centaines de personnes.

L’Eglise a toutefois maintenu toutes les fêtes prévues, pour « exprimer (sa) détermination à poursuivre les célébrations », a-t-il dit.

La déclaration de M. Trump, rompant avec des décennies de diplomatie américaine et internationale sur le statut de Jérusalem, l’une des questions les plus épineuses du conflit israélo-palestinien, a suscité des manifestations et des heurts quasiment quotidiens dans les Territoires palestiniens.

Mgr Pizzaballa, plus haut dignitaire catholique romain au Proche-Orient, a redit l’opposition de l’Eglise à toute initiative « unilatérale » qui modifie le statu quo régissant les relations entre les communautés religieuses de Jérusalem.

M. Pence était initialement attendu cette semaine à Jérusalem. Le sort des chrétiens du Proche-Orient devait initialement être au coeur de son déplacement mais ce message a progressivement été relégué au second plan, au point qu’il ne devait rencontrer aucun représentant des Eglises chrétiennes traditionnelles.

La Maison Blanche a annoncé lundi le report de cette visite à la mi-janvier pour, a-t-elle dit, permettre à M. Pence d’être présent pour un vote crucial au Sénat.

Mgr Pizzaballa a indiqué que les officiels américains n’avaient pas demandé à ce que M. Pence visite les lieux saints à Jérusalem, comme le Saint-Sépulcre. S’ils le faisaient en janvier, « cela nous poserait un problème ».

En tant que pèlerin, « nous ne pouvons dire non à personne, même au plus grand pécheur au monde, mais s’il s’agissait d’une demande de visite officielle, « nous ne pouvons pas négliger les conséquences ou les aspects politiques », a-t-il ajouté sans préciser son propos.

« Je lui suggère d’écouter davantage les autres, personne n’a de monopole sur Jésus, pas même les évangélistes », a-t-il dit.