Une cinquantaine de personnes arrêtées lors de manifestations à Machhad (Iran)

Cinquante-deux personnes ont été arrêtées à Machhad, deuxième ville d’Iran, lors de récentes manifestations contre la montée des prix, a indiqué vendredi un responsable iranien.

Des centaines de personnes ont manifesté jeudi dans cette cité du nord-est de l’Iran en scandant des slogans visant le gouvernement du président Hassan Rohani, jugé incapable de répondre à une série de problèmes économiques.

Le chef du tribunal révolutionnaire de Machhad, Hossein Heidari, a indiqué que ces personnes avaient été arrêtées pour avoir scandé des « slogans sévères », selon l’agence Fars, proche des conservateurs. Il a également mis en garde les protestataires, tout en rappelant le droit du peuple à manifester.

Selon des images vidéo diffusées par le média réformateur Nazar, les manifestants ont scandé « Mort à Rohani » mais aussi « Pas Gaza, pas le Liban, ma vie en Iran », semblant ainsi critiquer les engagements de l’Iran dans des causes régionales.

Nazar a aussi fait état de manifestations, de moindre ampleur, à Yazd (sud), Sharhoud (nord) et Kachmar (nord-est).

Les prix des œufs ont doublé depuis la semaine dernière après la décision du gouvernement d’abattre des millions de poulets contaminés par la grippe aviaire, avait indiqué mardi à des journalistes le porte-parole du gouvernement Mohammad Bagher Nobakht

Mais les raisons de la colère des protestataires sont bien plus profondes, selon un député local. « Il y a une crise majeure à Machhad causée par les institutions illégales de prêt », a déclaré à Fars Hamid Garmabi, représentant de la ville de Neychabour, près de Machhad. Il fait référence au développement d’organisations illégales de prêt durant la présidence de Mahmoud Ahmadinejad entre 2005 et 2013.

La mauvaise régulation du secteur bancaire combinée à un boom de la construction ont gravement affecté les compagnies de crédit, qui croulent sous les dettes toxiques et sont incapables de rembourser les investisseurs.Depuis son arrivée au pouvoir en 2013, le gouvernement de Hassan Rohani a cherché à faire le ménage dans le secteur de la finance, fermant trois des plus grandes organisations de crédit, Mizan, Fereshtegan et Samen al-Hojaj.

Machhad a été l’une des villes les plus touchées par la fermeture de Mizan, qui totalisait environ un million de comptes, engendrant plusieurs manifestations depuis 2015 dans la ville selon l’agence officielle IRNA. La région a également été touchée par d’autres escroqueries financières comme l’effondrement en 2015 d’un méga projet de construction d’une nouvelle ville près de Machhad, qui a affecté plus de 100 000 investisseurs.