Médecin humanitaire et élu au conseil municipal à Metz, Raphaël Pitti a annoncé ce vendredi avoir renoncé au titre d’officier de la Légion d’honneur décerné en juillet par Emmanuel Macron pour protester contre le désengagement de l’Etat vis-à-vis des demandeurs d’asile.
Elu en charge des urgences sanitaires et sociales à la mairie de Metz, il a publié vendredi dernier dans Libération une lettre intitulée « Pour un bon Noël, monsieur le président »,expliquant pourquoi il renonçait à son titre. Il a envoyé cette lettre à Emmanuel Macron et doit rencontrer deux de ses conseillers le 3 janvier, a-t-il indiqué.
« Depuis longtemps, l’Etat est défaillant » dans la prise en charge des demandeurs d’asile et « la coercition envers les migrants » s’est accentuée, a-t-il constaté. « Il n’y a pas de volonté (politique), les personnes (demandant l’asile) ne sont pas les bienvenues », a-t-il déploré.
Spécialiste de la médecine de guerre, il a été promu officier de la Légion d’honneur le 14 juillet par la première promotion du quinquennat d’Emmanuel Macron, à qui il avait apporté son soutien dès septembre 2016.
Emmanuel Macron « avait un discours très humaniste, tout ça allait dans le bon sens et voilà que tout a changé mi-décembre », a regretté Raphaël Pitti. Une circulaire, dans le cadre du projet de loi sur l’immigration et l’asile, prévoit notamment le recensement des migrants dans les centres d’hébergement d’urgence.
« D’entendre le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, dire qu’un Érythréen ou un Syrien peut demander l’asile, mais pas un Sénégalais…ce n’est pas à lui de décider qui a le droit de demander l’asile », s’insurge Raphaël Pitti.
« Conditions, indignes de la France »
L’élu regrette que « le gouvernement ne (prenne) pas la mesure de la politique migratoire »et prône l’organisation « d’assises nationales de l’émigration et de l’intégration ». « Le mouvement migratoire s’est amorcé et va s’amplifier, il faut en faire une cause nationale », a-t-il souhaité.
Raphaël Pitti avait dénoncé les « conditions, indignes de la France » dans lesquelles vivaient entre 800 et 1 000 adultes et enfants principalement originaires d’Albanie, du Kosovo, d’Afghanistan ou d’Afrique, dans le camp de Blida à Metz, démantelé le 15 novembre.
« J’ai été en Belgique et en Allemagne, j’ai vu les conditions d’accueil et j’ai honte de mon pays », a protesté l’ancien médecin de guerre.
Raphaël Pitti, ancien chef du service de réanimation dans une clinique à Nancy, a pratiqué la médecine de guerre tout au long de sa carrière, de la Yougoslavie au Liban. Depuis 2012, il forme des personnels soignants en Syrie où il multiplie les séjours.