Berlin ne voit pas comment la fourniture par les Etats-Unis des armes à l’Ukraine va aider à régler le conflit dans le Donbass l’est du pays.

Etant avec la France co-parrain du processus de paix en Ukraine, l’Allemagne plaide pour le déploiement de casques bleus dans toute la zone de conflit dans l’est du pays.

En déplacement à Kiev, le ministre allemand des Affaires étrangères a insisté sur le fait que le mandat de l’ONU devait être scellé avant l’élection présidentielle russe au mois de mars.

Accusée par Kiev et l’Occident de soutenir militairement les rebelles, la Russie pourrait organiser des « provocations militaires » dans l’est à l’approche de la présidentielle, a prévenu Pavlo Klimkine, le chef de la diplomatie ukrainienne, ancien ambassadeur ukrainien en Allemagne.

La Russie a déposé un projet de résolution pour le déploiement d’une force dans l’Est de l’Ukraine qui ne fait pas l’unanimité.

Contrairement à ce que propose Moscou, Kiev voudrait des casques bleus dans toute la zone de conflit, notamment le long de sa frontière avec la Russie pour empêcher l’arrivée sur son territoire d’armes ou d’hommes armés russes.

« Nous ne devons pas nous habituer au conflit dans l’est de l’Ukraine. Il y a un risque que plus longtemps durera le conflit, plus il sera considéré comme un conflit entre l’Ukraine et la Russie, mais en réalité il concerne toute l’Europe », a ajouté Sigmar Gabriel.

Le ministre allemand des Affaires étrangères s’est par ailleurs montré « sceptique » quant à la décision des Etats-Unis de livrer des armes létales à l’Ukraine. Il s’agit notamment de missiles anti-char.

« Ce qui ne manque pas dans cette région, ce sont justement des armes. Je ne pense pas que cela puisse aider à régler le conflit. Mais c’est le point de vue d’un pays qui est à distance et pas directement concerné par le conflit », a ajouté le chef de la diplomatie allemande.

La Russie avait elle estimé que cette fourniture d’armes risquait d’attiser le conflit.

« Elles ne seront pas utilisées à titre offensif », a répliqué le ministre ukrainien des Affaires étrangères. « On ne peut donc pas avancer l’argument selon lequel elles risquent d’augmenter la température du conflit », a ajouté Pavlo Klimkine.

Le conflit entre l’armée ukrainienne et les séparatistes de l’est du pays a fait plus de 10.000 morts depuis son déclenchement en avril 2014.

Des heurts se produisent régulièrement malgré la signature des accords de paix de Minsk en 2015.

Les autorités de Kiev et les séparatistes, qui contrôlent une partie de l’est du pays, ont échangé cette semaine plus de 300 prisonniers, dans une des plus importantes opérations de ce type en près de quatre ans de guerre.